Blossom Dearie, Stan Getz, Émile Parisien

La belle et les saxes

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Publié le 09/07/2018
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Jazz-Blossom Dearie

Jazz-Blossom Dearie
Crédit photo : DR

Jazz-Stan Getz

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Jazz-Emile Parisien

Jazz-Emile Parisien
Crédit photo : FRANCIS VERNHET

Une voix quelque peu enfantine, à la fois gracieuse et acidulée, fragile en apparence : ainsi pourrait-on résumer les qualités vocales de Blossom Dearie (1926-2009), qui était également pianiste. D'abord chanteuse de clubs, c'est lors de son séjour à Paris, au cours des années 1950, qu'elle se fait connaître en formant un groupe vocal, le Blue Star de Paris (avec comme arrangeur Michel Legrand), épouse le saxophoniste/flûtiste belge Bobby Jaspar et fait la connaissance du producteur Norman Granz (Verve). Qui lui assurera une certaine renommée discographique à son retour aux États-Unis et de nombreux concerts.

Si les clubs de jazz américains et européens ont été ses principaux points de chute, Blossom Dearie s'est aussi produite dans de grandes salles. « The Lost Sessions From The Netherlands » (Fondamenta/Sony Music) est une sélection d'inédits enregistrés aux Pays-Bas entre 1968 et 1989, dans lesquels elle maîtrise, avec un charme singulier, tous les formats (du solo au grand orchestre) et les répertoires (thèmes de films, classiques, originaux et reprises, dont Joni Mitchell).

Surnommé The Sound, Stan Getz (1927-1991) savait combiner les sonorités suaves, feutrées, douces voire nonchalantes quand il affectionnait la bossa-nova, et d'autres plus musclées et viriles, tout en conservant un brin de coolitude très West Coast, quand il se frottait aux rythmes jazzy. Ce sont ces dernières que l'on peut réentendre dans « Stan Getz - Live in Paris 1959 » (Frémeaux & Associés). Pour ce concert inédit enregistré en direct à l'Olympia de Paris en janvier 1959 (plus trois titres en studio), le saxophoniste-ténor, alors en exil en Europe, est à la tête d'une rythmique franco-américaine : Martial Solal (piano), Pierre Michelot (contrebasse), Jimmy Gourley, guitare, et Kenny Clarke (batterie). Quant au répertoire, il est essentiellement composé de standards du bebop et du Great American Songbook. Relus d'une façon très personnelle, avec une élégance toute naturelle et constante dans un phrasé inimitable.

Swinguez jeunesse

A 35 ans, dont quinze de carrière, Émile Parisien est une des pièces maîtresses de l'école française de jazz et vraisemblablement l'un des meilleurs saxophonistes-soprano dans l'Hexagone, voire en Europe. Élève de la pépinière qu'est le Collège de jazz de Marciac, il se retrouve tout naturellement sur la scène du célèbre festival gersois un jour d'août 2017 pour graver « Sfumato live in Marciac » (CD/DVD ACT/PIAS) avec son quintet (Joachim Kühn au piano, notamment) et des invités talentueux, Michel Portal (clarinette basse), son autre complice Vincent Peirani (accordéon) et… Wynton Marsalis (trompette). Un aréopage de pointures pour des moments clés et de magie dans l'histoire du jeune leader, et sans doute du festival, autour de thèmes originaux très harmoniques et d'une version d'anthologie d'un classique du ragtime, « Temptation Rag ».

Émile Parisien sera en concert le 19 juillet à Millau, le 22 au Paris Jazz Festival au Parc Floral, le 5 août au festival Au grès du jazz à La Petite-Pierre, en Alsace, et le 7 à Jazz in Marciac.

Didier Pennequin

Source : Le Quotidien du médecin: 9680