L'« Onéguine » de Cranko est entré en 2009 au répertoire du Ballet de l’Opéra de Paris (BOP). Un choix suggéré par le danseur étoile Manuel Legris pour terminer sa carrière de danseur, dans la lignée des rôles nobles où il excellait, et faire ses adieux au BOP et au Palais Garnier, avant d'aller présider aux destinées du Ballet de l’Opéra de Vienne. Et c’est aussi « Onéguine » qu’Isabelle Ciaravola avait choisi lors de sa soirée d’adieu au BOP en février 2014.
Assez rarement présentées en France, les chorégraphies de John Cranko (1927-1973), qui a porté à un niveau international le Ballet de Stuttgart, ont semblé un moment connaître un regain de faveur. Le Ballet du Capitole de Toulouse a monté avec succès en 2005 sa « Mégère apprivoisée ».
Curieusement, c’est la musique qui est le point faible de ce spectacle d’après « Eugène Onéguine » de Pouchkine, immortalisé par l’opéra de Tchaïkovski. Car pour illustrer sa chorégraphie, Cranko n'a pas choisi ce que Tchaïkovski a écrit de meilleur. Hormis des extraits de l’ouverture de « Francesca da Rimini » pour la très dramatique dernière rencontre de Tatiana et Eugène, le matériel n’est pas de premier choix, composé principalement d’orchestrations de pièces pour piano arrangées par Kurt-Heinz Stolze.
Pour cette reprise à l'Opéra de Paris, l’orchestre maison semblait le soir de la première fonctionner sur le mode routine, sous la direction pourtant attentive de James Tuggle, mais qui n’a pas réussi à mettre fin à un grand débraillé du côté des vents.
De facture néoclassique, le ballet comporte de nombreuses scènes de genre charmantes et très bien réglées, les deux bals et un bon nombre de pas de deux aux portés complexes, qui en font une bonne soirée, malgré le découpage en trois actes plus du tout adapté au rythme des spectateurs d’aujourd’hui. Mais la production, signée Jürgen Rose, originaire du Bayerische Staatsoper de Munich, un dispositif de rideaux à l’italienne, devrait être rafraîchie, voire remplacée.
La première distribution de cette reprise, qui en comporte quatre (ne pas manquer les prises de rôle en Onéguine d’Audrie Bezard et d’Hugo Marchand, ni la Tatiana de Dorothée Gilbert), confirme la baisse de régime du BOP ces cinq dernières années. Les danseurs étoiles Mathieu Gagno et Ludmila Pagliero, s’ils dansent parfaitement leurs rôles d’Eugène et Tatiana d'un point de vue technique, n’habitent pas les sublimes pas de deux créés par le chorégraphe sud-africain. On cherche en vain la succession de Manuel Legris, Nicolas Le Riche ou Aurélie Dupont, qui ont marqué ces rôles. De même, Florian Magnenet ne fait pas oublier Karl Paquette dans la dignité du prince Grémine. Seuls Mathias Heymann (Lenski) et Myriam Ould-Braham (Olga) se situent au niveau que l’on attend de la première compagnie nationale.
Opéra de Paris, Palais Garnier, jusqu'au 7 mars. Tél. 0892.89.90.90, www.operadeparis.fr
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