Le temps est long. Le monde du spectacle vivant a été mortifié par la conférence de presse du Premier ministre, qui n’a pas eu un mot pour l’univers de la culture. On n’imagine pas les salles rouvrir avant janvier 2021 et, du côté des entreprises privées, on peut s’attendre à quelques disparitions. Un théâtre d’une centaine de places, c’est une petite entreprise. Fragile en toutes périodes, et complètement mise à mal depuis le premier confinement.
Pourtant, l’ensemble de la profession avait fait preuve d’une discipline remarquable et, depuis le 1er septembre on pouvait chaque soir aller à la découverte de nouveaux spectacles, dans le respect le plus strict des mesures barrières et d’ailleurs sans qu’aucun cluster n’ait été à signaler.
Contre mauvaise fortune, les artistes s’organisent. On vous avait signalé il y a deux semaines les initiatives du Théâtre de la Ville et le public a suivi. Près de 2000 personnes se sont connectées la semaine dernière pour découvrir Nicole Garcia dans « Royan », le monologue écrit pour elle par Marie NDiaye. Pas de Replay pour cette soirée en direct absolu. Mais gardons l’espoir de retrouver le spectacle mis en scène par Frédéric Bélier-Garcia et l’interprétation remarquable en 2021.
Certains comédiens jouent en direct, chez eux, et nous donnent rendez-vous à des moments précis. Il faut parfois payer le droit d’accéder à ce qui est de l’ordre d’une performance très étonnante. Ainsi Robert Plagnol (1), qui a lancé son propre programme cet été en jouant, seul dans son appartement, un monologue d’Andrew Payne qu’il avait créé deux ans plus tôt à Avignon. Une déambulation filmée par lui-même à l’aide d’une simple tablette. Le personnage qui s’exprime dans « la Femme de ma vie » n’est pas un ange. Mais on le suit, fasciné. Il y a du mystère dans cette histoire et l’on est bluffé par l’exercice de virtuosité que suppose la représentation. À voir !
Invitée à travailler sur le même canal, Luce Mouchel (1) propose un texte qu’elle a écrit et dans lequel elle renoue avec la petite fille qu’elle a été. Luce, qui parle dans « Un petit souffle et j’allais tomber », est d’autant plus saisissante que l’on croit, immédiatement, à cette gamine qui devait avoir 8 ans dans les années 1970, à Dieppe… Dans le grenier de sa maison, la comédienne a travaillé sous le regard de Pierre-Alain Chapuis. Mais elle est sans filet lorsqu’il s’agit, une heure quinze durant, d’incarner Luce, de se déplacer, de se filmer avec la tablette et, en plus, de dessiner en direct ! C’est formidable. Souvent drôle, parfois bouleversant. Interprète toujours excellente, Luce Mouchel révèle ici un talent véritable d’écriture.
À table
Du côté de la Comédie-Française (2), on peut aussi assister à quelques moments rares. Chaque samedi, à 20 h 30, la troupe vous invite à table (demain, 21 novembre, « les Fausses Confidences de Marivaux). Durant la semaine qui précède, une équipe de comédiennes et comédiens prépare, en seulement 6 jours, la création d’une pièce, dévoilant le travail de lecture préalable aux répétitions en scène. C’est la table dans son acception mélangée de travail, de concentration et de plaisir convivial et gustatif de boustifaille de mots, dit Éric Ruf, Administrateur général. D’autres rendez-vous sont à découvrir. Et notamment, du mardi au vendredi à 19 heures, une heure de lecture de « À la recherche du temps perdu » de Marcel Proust.
(1) Sur directautheatre.com (10€). « La Femme de ma vie » par Robert Plagnol, les mardi, mercredi, jeudi, à 19heures (durée 1h15). « Un petit souffle et j’aillais tomber », de et par Luce Mouchel, les vendredi et samedi à 21heures, le dimanche à 15heures (durée 1h15). On peut ensuite rester branché et discuter avec l’artiste et les autres spectateurs.
(2) Sur le site comedie-francaise.fr et sur Facebook ou YouTube, puis en podcast sur Soundcloud.
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