ARTS - À Paris, au Petit Palais

Jordaens, Anvers avant tout

Publié le 05/12/2013
Article réservé aux abonnés
1386209596478311_IMG_117338_HR.jpg

1386209596478311_IMG_117338_HR.jpg
Crédit photo : MADRID, MUSÉE DU PRADO

CONTEMPORAIN, à Anvers, de Rubens et Van Dyck, Jordaens n’a, contrairement à eux, jamais quitté sa ville,et la belle scénographie de l’exposition prend le parti de situer son œuvre dans ces Pays-Bas du Sud récemment reconquis par les Habsbourg catholiques, qui font de la Contre-Réforme leur fer de lance.

Formé chez Adam van Noort, qui deviendra son beau-père, Jordaens se convertira plus tard au calvinisme et sera un peintre religieux (« Sainte Famille », « Adam et Ève »). Les compositions sobres de ses débuts s’inspirent progressivement du Caravage (« Adoration des bergers », « Sacrifice d’Isaac ») dans l’utilisation de clairs-obscurs et de personnages réalistes souvent pris dans son entourage, proche de la Guilde. Portraitiste, alors que ses deux contemporains, dans leur approche psychologique, capteront la clientèle aisée, il se consacrera à la bourgeoisie et à son entourage proche (« Autoportrait de l’artiste »).

Dès les années 1620, à la tête d’un atelier, il collabore à plusieurs reprises avec Rubens, en particulier dans les décors éphémères de la ville (« Entrée du Cardinal-Infant Ferdinand »). Il en retiendra le langage allégorique baroque, pour les compositions de l’hôtel de ville d’Amsterdam et pour les fables. Qu’elles soient profanes ou mythologiques, il y fait éclater sa manière enlevée et sa palette colorée. Dans une société très érudite, il interprète l’héritage antique dans des compositions denses aux sujets savants (« Les filles de Cécrops découvrant l’enfant Erichthonios ») et excelle dans les scènes quotidiennes et les proverbes issus de la culture populaire des Pays-Bas (« Le Roi boit », « Comme les vieux ont chanté, ainsi les jeunes jouent de la flûte »), auxquels il donne une touche de moralité. Il reprendra certains de ces sujets dans ses cartons de tapisserie.

Grâce à des prêts internationaux, l’exposition replace ce peintre aux inspirations multiples au centre de la peinture flamande du XVIIsiècle.

Petit Palais (tél. 01.53.43.40.00, www.petitpalais.paris.fr), tous les jours sauf le mardi de 10 à 18 heures, le jeudi jusqu’à 20 heures. Jusqu’au 19 janvier.

CAROLINE CHAINE

Source : Le Quotidien du Médecin: 9286