CINEMA - « Après mai », d’Olivier Assayas

Jeunesse inflammable

Publié le 14/11/2012
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Crédit photo : C. BETHUEL

POUR OLIVIER ASSAYAS, le début des années 1970, période de son adolescence, est une « époque méconnue, passionnante, et dont le cinéma se méfie terriblement, au point de ne savoir la traiter que par l’ironie ». L’un des atouts de son film est de nous y plonger au présent, sans alourdir le récit par des explications sur l’arrière-plan historique et sans faire sentir une quelconque nostalgie. Nous sommes comme les jeunes protagonistes, comme le lycéen qu’il a été, pris dans le tourbillon des courants politiques et sociétaux marqués par l’écho de mai 1968.

Voici Gilles, Christine et quelques autres. Le lycée de banlieue, la manifestation du 9 février 1971, qui verra les policiers « voltigeurs » frapper brutalement les participants, les débats entre gauchistes et libertaires sur les moyens d’agir contre l’État, les interrogations sur l’engagement, les actions parfois violentes, les soirées psychédéliques et enfumées, les amours plus ou moins provisoires ; puis l’été, le voyage jusqu’en Italie en passant par une communauté de Corrèze, la contre-culture, Londres...

Cette jeunesse-là était « particulièrement inflammable », dit Assayas, qui estime que celle d’aujourd’hui est plus raisonnable. Mais si certains s’y brûlent, ce n’est pas le cas de Gilles, qui, bien que partageant les révoltes et les aspirations de ses contemporains, suit sa propre voie. Elle le mènera, on n’en est pas surpris, au cinéma. Parce que, explique encore le réalisateur, il comprend que « l’écran est le lieu où le souvenir peut revivre, où ce qui a été perdu peut être retrouvé, où le monde peut être sauvé ».

Les acteurs de 19-20 ans, Clément Métayer, Lola Créton, Félix Armand, Carole Combes et les autres font vivre ces jeunes gens à l’heure des choix existentiels. La période influe naturellement sur ces choix, mais les ressorts fondamentaux ne changent pas. Un film sensible primé pour son scénario à la Mostra de Venise.

RENÉE CARTON

Source : Le Quotidien du Médecin: 9189