« Funny Girl » au Théâtre Marigny

Irrésistible Fanny Brice

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Publié le 18/11/2019

Au Théâtre Marigny, création française de « Funny Girl », le célèbre musical de Broadway. Avec l'extraordinaire Christina Bianco, un spectacle qui fera certainement les beaux soirs de la capitale pour la fin de l'année.

Christina Bianco, sur les traces de Streisand

Christina Bianco, sur les traces de Streisand
Crédit photo : JULIEN BENHAMOU

« On ne change pas une équipe qui gagne ! » : Jean-Luc Choplin, directeur du Théâtre Marigny, qui a tant fait pour la comédie musicale américaine lors de son long mandat au Châtelet, a fait appel à nouveau à Stephen Mear, Peter McKintosh et James McKeon, qui avaient été du formidable « Guys and Dolls » la saison dernière et d’autres projets comme « 42nd Street » au Châtelet.

Une scénographie simple (des arcs métalliques façon Eiffel et des rideaux) et des costumes d’un goût exquis mettent en valeur une troupe réduite, qui utilise au mieux l’exiguïté de la scène du Théâtre Marigny. Il en résulte une proximité plus grande avec le spectacle, qui est aussi théâtral que musical.

Le célèbre film hollywoodien de William Wyler, qui valut en 1969 un Oscar à Barbra Streisand, formant un couple détonnant avec Omar Sharif, est aujourd’hui un peu oublié. Alors on redécouvre l'histoire d’une grande artiste de revue des Années folles à Broadway, l’époque du grand imprésario Ziegfeld, qui commence comme un conte de fées et s’achève avec des cœurs brisés.

James McKean dirige l’Orchestre du Théâtre Marigny avec un swing parfait et c’est un luxe d’avoir un ensemble si étoffé dans la fosse. Toute la distribution, principalement britannique, est épatante, avec en tête Ashley Day (le séducteur Nick Arnstein) et Rachel Stanley (Mrs Brice, mère juive non caricaturale), deux chanteurs-acteurs-danseurs extraordinaires. Les rôles secondaires, Matthew Jeans (Eddie) et Mark Inscoe (Florenz Ziegfeld Jr.), les silhouettes ainsi que les danseurs de l’ensemble méritent également des éloges.

Mais le succès du spectacle repose sur les frêles épaules de l’Américaine Christina Bianco, qui endosse le rôle écrasant de Fanny Brice. Écrasant par l’ombre portée de sa créatrice sur scène et à l’écran. Elle ne cherche jamais à la singer, mais elle est comme elle une actrice hors normes, avec un physique d’outsider (1 m 50), une voix immense qui ne fait qu’une bouchée des tubes que sont « People » et « Don’t Rain on my Parade » et des qualités scéniques ahurissantes. C'est peu dire qu’elle brûle les planches qu’elle ne quitte pas une seconde.

Le rôle est non seulement écrasant, il demande à l’actrice d’être à la fois spectaculaire (le numéro de la revue « Rat-Tat-Tat-Tat » est d’une drôlerie rarement atteinte dans le genre) et dramatique, comme à la fin du mariage. Christina Bianco est tout cela à la fois. Elle séduit, bouleverse, chante et danse à la perfection et mène les spectateurs, qui se lèvent comme un seul homme pour l’acclamer à la fin d’un spectacle d’où l’on ressort léger, ragaillardi et enrichi.

Hautement recommandé, sans attendre que les fêtes ne le rendent inaccessible !

Jusqu'au 5 janvier, theatremarigny.fr

Olivier Brunel

Source : Le Quotidien du médecin