Voici, venu du Capitole de Toulouse et présenté à l’Opéra-comique de Paris, le spectacle le plus réjouissant de la rentrée : « les Fiançailles au Couvent », de Prokofiev, opera buffa qui laisse loin derrière « l’Amour des trois oranges », créé pendant son exil américain à Chicago.
Drôle de mélange que ces « Fiançailles au Couvent », contemporaines de son ballet « Cendrillon », composé à Moscou en 1940 après son retour en Russie au plus noir des années staliniennes, d’après une pièce en musique du XVIIIe siècle, « la Duègne », de l’Anglais Richard Brinsley Sheridan. Pour l’adaptation, Prokofiev collabora avec une jeune étudiante dont il s’amouracha, laissant tomber femme et enfants, ce qui fit désordre et lui nuisit politiquement. On peut penser que l’ardeur amoureuse qui transpire dans l’œuvre vient des circonstances de la rédaction de son livret… La création au Kirov de Leningrad dut cependant attendre1946.
Il s’agit d’un imbroglio de situations comiques autour de mariages arrangés, de fiançailles contrariées dans une Séville de fantaisie, avec beaucoup de portes dérobées, comme il est de tradition dans le vaudeville, avec une grande scène du plus grand anticléricalisme, dans un couvent peuplé de nonnes friponnes et de moines portés sur le gros rouge. La musique est un vrai bonheur, tantôt parodique, tantôt vraiment originale, avec des recours au jazz et une instrumentation tout à fait originale. Tugan Sokhiev, qui a été, avant de diriger l’orchestre du Capitole de Toulouse, assistant de Valery Gergiev à Saint-Pétersbourg, en connaît bien les rouages et met en application la sacro-sainte règle de ne pas couvrir les chanteurs. L’acoustique miraculeuse de la salle Favart peut alors jouer à son mieux.
Acteurs nés.
Le metteur en scène anglais Martin Duncan a réalisé un petit bijou d’invention et de légèreté qui devrait bien inspirer nombre de ses collègues, ceux pour qui la règle est de faire lourd et coûteux. Des portes s’envolent, des chaises montent et descendent, pas de temps morts ni perdus, on est vraiment au théâtre. La distribution presque entièrement russe et originaire du Théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg est excellente, figuration et chorégraphie sont impayables. Tous les chanteurs sont des acteurs nés, irrésistibles, sachant jusqu’où ne pas aller trop loin dans les mimiques. On distinguera le mezzo Larissa Diadkova, grande personnalité de la scène lyrique russe, dans le rôle de la duègne, et le Britannique Brian Galliford, au russe impeccable, en Don Jérôme, irrésistible barbon de vaudeville à qui arrivent toutes les péripéties possibles sans qu’il se démonte jamais. Anastasia Kaligina est une parfaite et pétillante soprano au timbre pur et séduisant, dans Louisa, le rôle que chantait Anna Netrebko à ses débuts au Mariinsky, comme en témoigne le DVD dirigé par Gergiev en 1998 (Philips/Universal).
Un spectacle exemplaire qui console de bien des purges, vues, hélas, sur la même scène et un peu partout pendant les dernières saisons.
Opéra-Comique Salle Favart (tél. 0825.01.01.23 et www.opera-comique.com). Prochains spectacles : « Cendrillon », de Massenet, direction Marc Minkowski, du 5 au 15 mars ; « Le Freischütz » (version française) de Weber, direction John Eliot Gardiner, du 7 au17 avril.
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