Duke Ellington, Ella Fitzgerald

Hommage aux icônes

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Publié le 03/12/2018
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Jazz-Amazing Keystone

Jazz-Amazing Keystone
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Jazz-Pierre Bertrand

Jazz-Pierre Bertrand
Crédit photo : BRUNO TOCABEN

Quelques années après une tournée à travers le Moyen-Orient (et même au-delà), en 1963, interrompue par l'assassinat de Kennedy, Duke Ellington et son fidèle complice Billy Strayhorn avaient voulu raconter le récit de leur périple en musique. Ainsi fut fait avec la « Far East Suite », une longue œuvre magistrale, multirécompensée mais rarement interprétée dans sa totalité en concert.

Chef d'orchestre, compositeur-arrangeur, saxophoniste et flûtiste, Pierre Bertrand signe à son tour une « Far East Suite » (Cristal Records/Sony Music), qui commémore à sa façon l'œuvre, et les 120 ans de la naissance du Duke. À la tête de son excellent ensemble, Caja Negra (avec notamment Minino Garay, percussions, et Louis Winsberg, guitare), le leader, habitué à diriger avec brio des moyennes et grandes formations, revisite avec ferveur les compositions du tandem Ellington-Strayhorn, en y apportant sa touche personnelle, souvent épicée par les multiples parfums de l'Orient musical. L'évocation symbolique d'un magnifique voyage au cœur d'une région aujourd'hui déchirée. Pierre Bertrand sera en concert le 8 décembre au Pan Piper, à Paris.

Comme Duke Ellington, avec qui elle a très souvent partagé scène ou studio, Ella Fitzgerald continue de faire rêver les générations actuelles. D'où l'hommage rendu par The Amazing Keystone Big Band avec « We Love Ella » (Nome/L'Autre distribution). Ce grand orchestre de 17 musiciens, codirigé par Jon Boutellier (saxe), Fred Nardin (piano), Bastien Ballaz (trombone) et David Enhco (trompette), a été sacré « Groupe de l'année » aux Victoires du Jazz, tandis que David Enhco était élu « Artiste qui monte de l'année ». Il met toute sa puissance, sa turbulence, son énergie et la fougue de ses jeunes membres à relire quelques-uns des titres qu'affectionnait la Diva, dont le légendaire « A Tisket, A Tasket » ou « Stompin' at the Savoy ».

Et pour marcher sur les traces d'Ella, il fallait une chanteuse, en l'occurrence la jeune Célia Kaméni, qui parvient à tirer son épingle du chant, avec une pointe de soul dans un océan de swing orchestral.

Au début des années 1990, le producteur Francis Dreyfus, qui a déjà dans sa besace des artistes comme Jean-Michel Jarre et Christophe, décide de créer Dreyfus Jazz, un label qui va accueillir des jazzmen aussi réputés que Michel Petrucciani ( dont on commémorera en janvier le 20e anniversaire de la disparition), Marcus Miller ou Richard Galliano.

Des habits neufs pour des références

Passionné par l'apport des principaux artisans de cette musique centenaire, il lance par la suite la collection « Jazz Référence » (BMG). Une collection consacrée aux légendes du passé, sous la forme de florilèges réalisés par des historiens français du jazz. Y figureront Charlie Parker, Dizzy Gillespie, Miles Davis, Lester Young, Erroll Garner, Stan Getz, Louis Armstrong, Django Reinhardt, Gerry Mulligan et le triumvirat des divas Fitzgerald/Holiday/Vaughan.

Quelque vingt ans plus tard, la collection renaît de ses cendres avec un nouveau packaging pour les 14 premières références, y compris en vinyle. Le passé toujours présent !

 

 

Didier Pennequin

Source : Le Quotidien du médecin: 9707