* Catherine Hiegel fut des années durant une étoile de la Comédie-Française et mène depuis dix ans une carrière brillantissime. Elle est libre, audacieuse, très demandée. Au Petit-Saint-Martin, où l’accueille Jean Robert-Charrier, qui l’avait programmée lors du Festival d’Anjou en juin, elle se délecte d’une fantaisie féroce de Jean-Luc Lagarce. « Les Règles du savoir-vivre dans la société moderne » sont une variation d’après l’authentique ouvrage d’une certaine baronne Staffe, pseudonyme d’une journaliste qui savait qu’un titre ferait autorité. Publié en 1889, le manuel fait rire et sourire. Jean-Luc Lagarce, quelques mois avant de mourir, trouvait le courage de s’amuser. La société à qui s’adressent ces conseils impératifs a disparu, mais les règles sont encore en vigueur dans certains milieux, notamment ceux qui concernent les étapes d’une vie chrétienne : baptême, mariage, enterrement… Dirigée avec une acuité formidable par Marcial Di Fonzo Bo, qui la connaît et l’admire, Catherine Hiegel est irrésistible. Dans une robe-tunique noire à col blanc, sur un pantalon droit, elle a quelque chose de délicieusement enfantin. Un air candide qu’accentue sa masse de cheveux bouclés, mais que démentent et les regards, et les mimiques, et les intonations. Circulant entre trois grandes tables, lisant parfois, disant surtout, elle est comme une acrobate sur un fil ! Drôle, cocasse, merveilleusement talentueuse. (Théâtre du Petit Saint-Martin, durée 1 heure, jusqu’à la fin de l’année, petitsaintmartin.com)
* Sur un autre ton se donne « Hilda », texte très singulier de Marie Ndiaye. Irréel et sonnant « vrai ». Une bourgeoise de province, mère de trois enfants, conventionnelle apparemment, jette son dévolu sur une jeune femme nommée Hilda pour qu’elle s’occupe de sa maison et des enfants. Elle traite avec le mari d’Hilda. Impose ses conditions. Peu à peu, cette femme blonde, lisse, lumineuse, glisse dans une folie terrorisante. Elle fait d’Hilda, que l’on ne voit jamais, sa chose. Sa prisonnière, le support de ses fantasmes. Mise en scène par Élisabeth Chailloux, Natalie Dessay est magistrale. Elle donne tout ce qu’il y a d’inquiétant en cette femme, autoritaire jusqu’au délire, par de subtiles nuances. Elle séduit puis glace le sang, femme-enfant capricieuse, odieuse mauvaise femme. Le personnage ne cesse de parler. Natalie Dessay donne toutes les couleurs du texte de sa belle voix. Ses interlocuteurs, le mari, très sensiblement incarné par Gauthier Baillot, la sœur d’Hilda, jouée avec finesse par Lucile Jégou, tentent de résister face à l’insidieuse malade… Quelque chose d’un polar… (Les Plateaux sauvages, durée 1 h 30, jusqu’au 30 octobre, puis en tournée en 2022, notamment à Caen, Ivry, Toulon, lesplateauxsauvages.fr).
DJ et médecin, Vincent Attalin a électrisé le passage de la flamme olympique à Montpellier
Spécial Vacances d’été
À bicyclette, en avant toute
Traditions carabines et crise de l’hôpital : une jeune radiologue se raconte dans un récit illustré
Une chirurgienne aux nombreux secrets victime d’un « homejacking » dans une mini-série