Pastorius, M. Hendricks, Them

Heureuses retrouvailles

Publié le 11/01/2016
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Jaco Pastorius en 1986

Jaco Pastorius en 1986
Crédit photo : CLAUS ECKERT

Jaco Pastorius, disparu dans des conditions tragiques en 1987, à l’âge de 35 ans, fut un visionnaire de la basse électrique. Contemporain de Stanley Clarke (il est né comme lui en 1951), John Francis Anthony Pastorius III, par son style, sa virtuosité et sa dextérité devenus légendaires, a ouvert les voies (voix ?) de la quasi-totalité des bassistes des années 1980. Marcus Miller, qui a opéré la troisième révolution à la basse électrique après ses deux prestigieux aînés, a été parmi ses disciples, en développant à outrance le fameux slap.

Ami de Pat Metheny, sideman auprès d’Herbie Hancock et de la chanteuse Joni Mitchell, c’est au sein du groupe emblématique de la période jazz-rock, Weather Report, que Jaco Pastorius va connaître ses heures de gloire, à partir de 1976. Alors à l’apogée de sa mobilité technique et de son sens instinctif de la création et de l’improvisation, il va imprimer sa marque et sa personnalité dans une formation qu’il quittera en 1982. Il entame alors une prolifique et fructueuse carrière de soliste, malheureusement entachée par la drogue. Le 12 septembre 1987, sortant à peine de prison, il est roué de coups devant un club de Miami dont on lui refuse l’entrée ; il meurt dix jours plus tard des suites de ses blessures.

Aujourd’hui, c’est au bassiste Robert Trujillo, du groupe de rock heavy metal Metallica, que l’on doit la renaissance de Pastorius, à travers un DVD/Blue-Ray, intitulé « JACO », qui raconte son existence et sa carrière trop tôt interrompue. Parallèlement, Legacy (Sony Music), vient de faire paraître « Jaco : Original Soundtrack », la bande originale du documentaire, dans laquelle on réentend non seulement le merveilleux instrumentiste comme soliste en tant que membre de Weather Report mais aussi aux côtés de Joni Mitchell. Sans oublier des hommages rendus par sa fille Mary, le rappeur TechN9ne, Robert Trujillo et Flea, des Red Hot Chili Peppers. Comme un retour aux fondamentaux de la basse électrique.

Une longue absence

Dix-sept ans de purgatoire pour un album ! Dix-sept ans sans explication. Oublié ou perdu dans un coffre, « A Little Bit of Ella (Now and Then) » (Cristal Records), enregistré en 1998 par la vocaliste Michele Hendricks. Le disque, qui paraît en ce début d’année, rend un double hommage : à Ella Fitzgerald certes, mais aussi à celui qui fut l’un de ses plus fidèles pianistes, Tommy Flanagan, disparu depuis. Fille de (son père est le chanteur Jon Hendricks, grand virtuose du scat, présent dans le 2e titre), Michele Hendricks reprend, avec émotion et un profond respect, certains des plus grands standards du jazz magnifiés par l’immense « First Lady of Jazz ». Une si longue absence qui rend ce CD encore plus riche et précieux. Michele Hendricks sera sur la scène du Sunset à Paris les 29 et 30 janvier et au Petit Journal Montparnasse le 29 avril.

« The Complete Them 1964-1967 » (Legacy/Sony Music) est une anthologie du groupe britannique Them conduit par Van Morrison, qui pourrait venir en complément des précédents disques consacrés à la carrière du chanteur/saxophoniste de Belfast. Ici sont rassemblés l’intégralité des deux premiers albums de la formation, plus les singles, les démos, des prises alternatives, des sessions live et des titres inédits. Une anthologie indispensable pour redécouvrir un des groupes emblématiques de la riche – et devenue légendaire – scène du rock anglais des glorieuses années 1960.

Didier Pennequin

Source : Le Quotidien du Médecin: 9461