L’Afghanistan en 2008, miné par la guerre, le trafic de drogue et la corruption, est le décor principal de « Pukhtu » (1), de DOA, qui a reçu deux fois le Grand Prix de littérature policière (pour « Citoyens clandestins » et « l’Honorable société »). Le pseudonyme de l’auteur fait référence au film noir « Dead On Arrival » et le terme Pukhtu, apprend-on, renvoie aux valeurs d’honneur du peuple pachtoune. Durant près de 700 pages, pour des raisons d’honneur mais aussi de vengeance, de pouvoir et d’argent ou par goût du sang, des hommes et des femmes, en Afghanistan, en Afrique, en Amérique et en Europe, vont marquer leur passage de violences et de morts. L’entreprise littéraire est titanesque – un deuxième volume est attendu – et le souffle est là, au plus près du réel autant que dans les échappées romanesques. À lire aussi sur tablette ou sur ordinateur, dans une version numérique enrichie de 35 liens de géolocalisation pour situer l’action et d’une Playlist personnelle de l’auteur.
De belle envergure aussi est « le Moineau rouge » (2), un roman d’espionnage qui se situe dans la Russie de Poutine ; un premier roman dont l’auteur, Jason Matthews, est un ancien officier de la CIA. De Moscou à Helsinki se déploie un jeu dangereux entre un expert de la CIA, qui était le contact privilégié d’une taupe du service héritier du KGB, et une espionne russe envoyée pour le piéger. Suspense, amour mais surtout connaissance du terrain et de la géopolitique garantissent la crédibilité de ce roman, bientôt porté à l’écran par David Fincher.
Poutine, encore, apparaît en toile de fond de l’intrigue de « Danser avec le diable » (3), de la Française Maud Tabachnik, qui déploie une double enquête à San Francisco. Tandis qu’il est sur la piste d’un insaisissable tueur psychopathe, le policier Boris Berezovsky s’allie avec la mafia russe locale pour savoir qui, du MI5 ou du FSB, en veut à son père, un juif russe anarchiste émigré.
La surprise est moindre, mais pas l’action, dans « Panique au Vatican » (4), suite de « l’Envol des Faucons ». Un meurtre au Vatican, un pape qui disparaît, ainsi qu’une princesse, la Chine en ébullition – tout cela vu du siège valaisan du Sword, le seul service de renseignement indépendant et neutre au monde – constituent en effet un cocktail (d)étonnant, mis en scène par Mark Zellweger.
Maître du roman judiciaire (« la Firme », « l’Affaire Pélican », etc.), John Grisham récidive avec « l’Ombre de Gray Mountain » (5). Subitement licenciée, une jeune et brillante avocate de Wall Street est parachutée dans un centre d’aide juridique de Brady, en Virginie, une bourgade de 2 000 et quelques âmes au cœur des Appalaches. Loin de s’ennuyer, la jeune femme est impliquée dans les eaux troubles de l’exploitation minière, où il n’y a ni lois, ni code du travail, ni respect des biens et des personnes. Un combat judiciaire dont l’issue sera fatale.
Psychologie et neurosciences
Le thriller psychologique est le domaine de la Britannique Val McDermid (« Sans laisser de traces », « Comme son ombre, etc.), qu’elle conforte avec « Lignes de fuite » (6). Le point de départ du livre est l’enlèvement d’un jeune garçon à l’aéroport. Pour aider les enquêteurs, sa « mère », nègre littéraire, revoit les cinq dernières années de sa vie, lorsqu’elle s’est liée d’amitié avec une cliente, star de la téléréalité. On entre là dans le monde des apparences et du faux-semblant.
Le couple de journalistes londoniens qui se cache sous le pseudonyme Nicci French, offre, avec « Terrible jeudi - Le jour de l’innocence perdue » (7), un nouvel épisode des aventures de son héroïne récurrente, la psychothérapeute Frieda Klein. Interpellée par une ancienne camarade de lycée, dont la fille de 16 ans ne va pas bien, elle doit revenir, contre son gré, dans sa ville natale des côtes du Suffolk, au risque de se rappeler ce qu’il s’est passé une terrible nuit, vingt-six ans auparavant.
Ancien élève de l’Ecole polytechnique, spécialiste en neurobiologie moléculaire, Sébastien Bohler imagine, dans « Neuroland » (8), que deux chercheurs en neurosciences sont sur le point de finaliser un projet offrant la possibilité de décoder les activités du cerveau, autrement dit de discerner sans erreur possible la vérité du mensonge. Le récit s’articule autour des avantages et des risques d’une telle découverte, autour aussi de la personnalité des scientifiques, dont l’un est prêt à tout pour accéder à l’argent et la puissance qui sont au bout de leurs travaux.
Pour l’Américaine Caroline Kepnes, qui s’est fait un nom en tant que scénariste pour des séries télévisées, le thriller psychologique est machiavélique. C’est le cas de « Parfaite » (9), un page-turner inquiétant dont le narrateur est l’un des protagonistes du drame. Joe est libraire et lorsque Beck entre dans son magasin, il décide qu’il n’aimera qu’elle. Pour arriver à la séduire et sans se douter que la demoiselle n’est pas aussi limpide qu’il y paraît, il infiltre sa vie par tous les moyens et même les plus intimes, et écarte – définitivement – les autres personnes qui s’intéressent à elle. Mais qui est la proie et qui le chasseur ?
(2) Cherche Midi, 652 p., 21,50 euros.
(3) Albin Michel, 390 p., 20,90 euros.
(4) Eaux Troubles, 520 p., 23 euros.
(5) JC Lattès, 477 p., 22,90 euros.
(6) Flammarion, 441 p., 21 euros.
(7)Fleuve , 427 p., 20,90 euros.
(8) Robert Laffont, 616 p., 22,90 euros.
(9) Kero, 479 p., 19,90 euros.
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