La chorégraphe belge a choisi trois pièces parmi des ensembles. Elle les a réunies pour la première fois en 2006 à Bruxelles sous le titre « Bartók/Beethoven/Schönberg – Soirée Répertoire » et c’est sous cette forme qu’elles entrent au répertoire du Ballet de l’Opéra de Paris.
Anne Teresa De Keersmaeker n’est pas de ces chorégraphes qui utilisent des chefs-d’œuvre du grand répertoire comme substrat musical en les faisant danser sans en tenir compte. Sa démarche et son geste chorégraphiques vont toujours de pair avec la musique, que ce soit de façon abstraite, comme dans les deux premières pièces de ce triptyque, sur des quatuors à cordes de Bartók et Beethoven, ou d’une façon un peu plus narrative, comme dans « la Nuit transfigurée », d’Arnold Schönberg.
Pour cette dernière pièce, la plus longue de la soirée, la chorégraphe a cosigné avec Gilles Aillaud un magnifique décor figurant une forêt de nuit (le poème de Richard Dehmel, qui a inspiré le jeune Schönberg, commence par « Deux êtres traversent le bois nu et froid »). Il s’agit d’une errance nocturne au clair de lune superbement réglée pour 14 danseurs, ponctuée de quelques sublimes pas de deux inspirés de Rodin. Tous les danseurs sont parfaitement investis dans cette pièce, que ce soient les étoiles Émilie Cozette, Alice Ravenaud, le premier danseur Vincent Chaillet ou les interprètes moins gradés, désormais mis en avant dans les premières distributions des spectacles.
Miracle acoustique
On ne dira jamais assez le luxe inouï d’avoir dans la fosse l’orchestre maison dirigé par Vello Pähn, qui a donné une interprétation d’un niveau exceptionnel du poème symphonique de Schönberg. Autre luxe, le quatuor à cordes formé de musiciens, tous premiers solistes, du même orchestre, pour accompagner les deux pièces de la première partie. Et il n’y a qu’à Garnier qu’un miracle acoustique se produit quand ce quatuor joue au fond de la scène pour la laisser libre aux danseurs et que l’on entend chaque note comme s’il était en première ligne.
« Quatuor n°4 », sur l’œuvre éponyme de Bartók, est une pièce de jeunesse de la chorégraphe. Les quatre très jeunes danseuses n’y mettent pas la rage qu’y mettaient celles de Rosas à la création, mais elles prouvent que des danseuses formées au style classique peuvent donner à cette pièce aux allures potaches ses lettres de noblesse, avec toute la virtuosité possible. Pour « Die Grosse Fuge », pièce tardive de Beethoven et final de son 13e quatuor, c’est vraiment de virtuosité qu’il est question et les interprètes, presque tous masculins, malgré parfois un manque de fluidité, réalisent parfaitement les intentions de la chorégraphe d’illustrer l’hallucinant contrepoint de cette musique au plus haut niveau de sophistication, magnifiquement interprétée par le quatuor à cordes. Une formidable soirée qui donne envie de revisiter l’œuvre foisonnante et si proche de la musique de la chorégraphe flamande. Bonne surprise : la compagnie Rosas est invitée par l’Opéra de Paris à se produire au Centre Pompidou du 26 février au 6 mars 2016.
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