Brésilienne, Canadienne, Française

Femmes sans frontières

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Publié le 23/09/2019
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Présentes dans le jazz depuis ses premières notes, les femmes y sont de plus en plus actives, bousculant les codes et les frontières. Nouvelle démonstration, avec des touches brésiliennes, cubaines ou d'un voyage lointain.
Leïla Olivesi

Leïla Olivesi
Crédit photo : SOLÈNE PERSON

Originaire de Sao Paulo au Brésil, Eliane Elias, pianiste, compositrice et chanteuse, récompensée par de nombreux Grammy Awards, est entrée dans le jazz au cœur des années 1980, quand elle a rejoint le groupe Step Ahead, alors codirigé par Mike Manieri (vibraphone) et Michael Brecker (saxe, 1949-2007). Un monde qu'elle ne quittera plus, puisqu'elle épousera le frère de Michael, le trompettiste Randy Brecker, puis le contrebassiste Marc Johnson.

Eliane Elias n'abandonne pas pour autant l'immense richesse musicale de son pays natal. Qu'elle célèbre dans son nouveau disque, « Love Stories » (Concord Jazz/Universal), un hymne à l'amour. Entourée de musiciens brésiliens et d'un orchestre à cordes, elle plonge avec délicatesse et émotion dans le répertoire d'Antonio Carlos Jobim comme dans celui d'un impérissable crooner, Frank Sinatra, en plus de trois titres originaux. La promenade romantique et vibrante, à la fois vocalement et au piano, d'une femme amoureuse au talent prodigieux.

Autre musicienne tentée par le mariage des genres et des styles, Jane Bunnett. Pour son dernier album, « On Firm Ground/Terra Firma » (Stony Plain Records/Socadisc), la saxophoniste et flûtiste canadienne s'est adjoint le groupe cubain 100 % féminin Maqueque, soit « les nouvelles reines du jazz afro-cubain », « l'avant-garde féminine du jazz cubain ».

Une appellation nullement usurpée, d'autant que tous les ingrédients sont utilisés : tropicalisme, envie de danser et de bouger, pointe de jazz et expression vocale chaleureuse. L'histoire d'amour entre l'afro-cubain et le jazz, qui date de plusieurs décennies, n'est pas près de prendre fin. Caliente et swing !

Souvenir de voyage

Les femmes à la direction de moyennes ou grandes formations ne sont pas légion. On peut citer par exemple Maria Schneider et Carla Bley aux États-Unis, ou Leïla Olivesi en France.

La jeune personne a plusieurs cordes à son arc : pianiste, arrangeuse, compositrice et accessoirement conférencière sur Duke Ellington à la Maison du Duke, à Paris. Ellington qui figure en bonne place dans son répertoire, puisqu'il ouvre « Suite Andamane » (Attention Fragile & ACEL/L'Autre Distribution), sa dernière production, avec une très étonnante reprise de « Satin Doll ».

L'élément central de son travail dans ce CD est la composition originale en quatre actes qui lui donne son titre, souvenir d'un voyage dans la mer du même nom, entre l'Inde et la Thaïlande. Une suite riche en couleurs et en impressions musicales, faite de plusieurs mouvements contrastés, à la fois écrits et improvisés.

Pour mener à bien cette tâche inspirée, Leïla Olivesi a fait appel au sein de son nonet à certains des meilleurs jazzmen français, comme Baptiste Herbin (saxe alto/flûte), Glenn Ferris (trombone), Manu Codja (guitare) et la vocaliste Chloé Cailleton. À découvrir en concert le 6 novembre au Studio de l'Ermitage à Paris.

Didier Pennequin

Source : Le Quotidien du médecin