S’il ne fallait qu’un film pour justifier la sélection du 68e festival, ce serait celui-là : « le Fils de Saul », premier long métrage de László Nemes, Hongrois de 38 ans qui a fait ses études en France. Il donne à voir (et à entendre), sans jeter les images aux yeux des spectateurs, la réalité de l’extermination massive des juifs dans ce qu’elle avait de plus concret. Cela à travers le regard d’un prisonnier membre d’un Sonderkommando qui travaille dans l’un des crématoriums d’Auschwitz-Birkenau, cette « usine de mort » où il faut « produire » toujours plus de cadavres et les faire disparaître. Parmi ces cadavres, Saul reconnaît un jour son fils et prend tous les risques pour tenter de le sauver des flammes et de l’enterrer.
László Nemes, dont une partie de la famille a été assassinée à Auschwitz, s’est inspiré notamment, pour son scénario écrit avec Clara Royer, de textes écrits par des membres des Sonderkommando. Pour filmer l’infilmable, avec pour dogme que le film « ne peut pas être beau », il a donc choisi de ne montrer que ce qui participe de l’expérience de Saul, le plus souvent en plans rapprochés. Ce qui rend finalement le récit, avec son suspense, plus proche de nous, moins historiquement documentaire. On verra « le Fils de Saul » sur les écrans français cet automne.
Autre film en compétition, dans un tout autre genre, « le Conte des contes », de l’Italien Matteo Garrone. Le cinéaste de « Gomorra » et de « Reality », tous deux primés à Cannes, a choisi d’adapter quelques-uns des contes écrits au début du XVIIe siècle en langue napolitaine par Giambattista Basile, qui auraient inspiré Perrault et les frères Grimm. Pour mêler le réel et le fantastique, exprimer à la fois le magique et le quotidien, le royal et l’obscène, le terrible et le tendre... Et retrouver quelques-unes des obsessions contemporaines, comme le violent désir de jeunesse et de beauté ou le conflit entre les générations.
Une mère prête à tout pour avoir un fils, un roi fasciné par un étrange animal, un autre fornicateur et libertin, des sorciers et des fées, des monstres... : avec une distribution internationale (Salma Hayek, Vincent Cassel, Toby Jones, John C. Reilly), signe en anglais une œuvre baroque qui réserve des moments de grande beauté, d’autres moins convaincants, avec parfois des accents felliniens ou pasoliniens. Sortie le 1e juillet.
Un retour réussi
Hors compétition, deux films bien différents, déjà dans les salles françaises, ouvraient les festivités. « La Tête haute », d’Emmanuelle Bercot, se veut ancré dans une réalité sociale difficile mais porteur d’espoir. Le film met en scène un garçon, à la mère pour le moins instable, que va suivre pendant dix ans une juge pour enfants ferme mais attentive. L’adolescent ne contrôle pas ses crises de rage. La juge et un éducateur vont tenter de le détourner du chemin qui mène à la prison. La réalisatrice a l’intelligence d’éviter les lourdes explications sociales ou psychologiques. Elle montre ce qui se passe au présent, sans pathos mais avec efficacité, surtout grâce à sa direction d’acteurs en phase avec le sujet (Catherine Deneuve, Benoît Magimel et le jeune Rod Paradot, recruté dans un lycée technique).
« Mad Max : Fury Road » était très attendu, puisque, trente-cinq ans après, l’Australien George Miller retrouvait son personnage fétiche, incarné, après Mel Gibson, par le Britannique Tom Hardy. Il ne manquait manifestement pas d’idées pour recharger les batteries de son monde post-apocalypse où les ressources naturelles sont rares et où les humains n’ont plus grand chose d’humain. Le scénario n’est pas ce qui donne son prix à l’entreprise : il y a les méchants, nombreux et surarmés, et il y a une poignée de gentils, qui luttent avec les moyens du bord (dont Charlize Theron, impressionnante). Ce n’est qu’un prétexte à mettre en scène une course-poursuite haletante, avec des véhicules extravagants. Et justement, la mise en scène est époustouflante, dans des paysages étonnants (le désert de Namibie). Le seul reproche que l’on peut faire à cet impressionnant exercice cinématographique, outre que Tom Hardy est un peu mou, est que les séquences avec engins qui explosent finissent par être répétitives. La route est longue pour Max mais elle mérite d’être suivie.
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