Classique
En préambule à la description du très attendu Auditorium de la Maison de la Radio, la première des deux nouvelles salles censées changer radicalement le paysage musical parisien, deux mots de musico-politique. Le refrain entonné à chaque événement musical – « Les politiques ne s’intéressent pas à la musique » – est en voie de ringardisation. À l’inauguration de l’Auditorium de Radio France, on aurait pu se croire à l’Assemblée nationale ! Au premier rang, le Premier ministre, les ministres de la Culture et de l’Éducation, le Maire et le Préfet de Paris, entourés du jeune PDG de Radio France et des hautes autorités de l’audiovisuel et même du Parti Socialiste. Aux rangs suivants, quatre anciens ministres de la Culture, deux anciens Gardes des Sceaux et d’autres grands commis de l’État avaient tenus à honorer cette soirée de leur présence.
Signé par Architecture Studio, l’Auditorium est une belle salle de 1 460 places, de forme ovale, toute en hauteur, comportant trois niveaux de placement organisés en balcons « en vignoble », un peu à la façon de la Philharmonie de Berlin, sans toutefois sa légèreté aérienne. Malheureusement, et une fois de plus, on n’a pas songé au confort du spectateur, car les fauteuils sont très rapprochés et l’espace pour les jambes scandaleusement insuffisant. L’acoustique, signée par cabinet Nagata Acoustics et encore à l’étude, est globalement satisfaisante dans son état actuel. Un peu sèche encore et trop sonore, elle offre à l’auditeur un confort bien supérieur à celui de la salle de référence qu’est Pleyel et cette qualité se ressent à l’écoute des diffusions sur France Musique.
Bien que ce fût inévitable, il est cruel d’avoir confronté au cours du même concert les deux formations symphoniques de Radio France. Daniele Gatti a ouvert le feu avec l’Orchestre national de France et un programme assez indigeste. Ainsi l’interminable « Suite de Valses du Chevalier à la rose » de Richard Strauss, que le chef italien a dirigé en allongeant interminablement ses tempi, en détaillant à l’extrême, sans jamais donner le vertige de la valse viennoise, qui est l’essence même de cet arrangement. Le « Boléro » de Ravel, œuvre plus spectaculaire et plus justifiée pour faire valoir un orchestre et surtout les qualités acoustiques de la nouvelle salle, après un début prometteur où les étranges alliances de timbres des vents et cuivres ont fait merveille, a viré à l’exécution militaire sans dégager ce frisson de folie qui doit exulter à la fin du parcours. Bien supérieure musicalement, la seconde partie, dirigée par Myung-Whun Chung à la tête de l’Orchestre philharmonique de Radio France, a démarré fort avec la « Suite Roméo et Juliette » de Prokofiev, dirigée tout en finesse, avec des effets de timbres exquis et surtout un très grand sens théâtral et sans aucun effet appuyé. Le court « Ave Verum Corpus » de Mozart qui suivait mettait en valeur la suprématie du Chœur de Radio France, tout comme dans la « Suite Daphnis et Chloé » de Ravel, choix judicieux pour faire valoir les qualités d’équilibre et individuelles des pupitres de cette phalange.
Trois cents ans en riant
Soirée de gala pour fêter, avec « Si l’Opéra-Comique m’était conté », le tricentenaire d’une des trois plus anciennes institutions culturelles parisiennes avec l’Opéra de Paris et la Comédie-Française. Peu de people, l’endroit est moins glamour que le Palais Garnier, mais ministre, ancien ministre, probables futurs ministres et mécènes. Chargé de la mise en scène, et travesti successivement en Carmen et en Mélisande, Michel Fau aura fait tordre de rire ce Tout-Paris de la Culture, avec la complicité du directeur sortant Jérôme Deschamps et des comédiens Julien Lubeck et Christian Hecq.
Raconter 300 ans, même avec des raccourcis, d’une histoire aussi compliquée que celle de l’Opéra-Comique, parti sous Louis XIV d’une troupe de forains et ayant donné à la musique française tous les chefs-d’œuvre que l’on sait, aurait été, sans une certaine dose d’humour, extrêmement ennuyeux. Le faire dans un style décontracté, à la manière d’une bande dessinée, avec une iconographie d’époque et des vidéos ingénieuses et surtout une illustration musicale de très grande qualité, paraissait légitime. L’option comique troupier, humour potache, choisie par Michel Fau et Jérôme Deschamps, avec des parodies de Carmen et Pelléas à la façon de Charpini et Brancato (sans la discipline vocale que cela suppose), était plus risquée, surtout s’adressant à un parterre comptant les autorités en matière de subventions. Trouver des exemples musicaux était un tour de force, presque toujours réalisé.
D’un quatuor de jeunes interprètes, choisis dans les récentes promotions de l’Académie de l’Opéra-Comique, à la vedette absolue qu’est le soprano italien Anna Caterina Antonacci en passant par toute une école actuelle de jeunes interprètes, c’était un panorama du chant français plutôt en bonne forme, un bulletin de santé très rassurant. Cette soirée sera diffusée surArte le 28 décembre à 17 h 30.
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