THEATRE - « Derniers remords avant l’oubli », de Jean-Luc Lagarce

En toute proximité

Publié le 27/04/2011
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Crédit photo : DR

UNE HISTOIRE d’amitié, d’amour d’autrefois, de maison. Une histoire d’espérance, de mesquinerie, de déceptions. Une histoire en laquelle chacun peut se reconnaître et c’est pourquoi, sans doute, elle marche si bien.

On est un dimanche, à la campagne. L’action se situe dans les années 1980. Quinze ans auparavant, trois des protagonistes ont vécu là. Ils se sont séparés. L’un d’eux est demeuré dans cette maison. Mais ses anciens amis, la femme qu’il a aimée, surtout, veut que l’on vende cette maison et que l’on partage l’argent. Il y a des couples reformés, des personnages qui n’ont pas connu cette époque. Et une grande fille (Ophélie Marsaud) qui fait des photos et ne veut surtout pas être prise dans cette histoire vaguement toxique pour ceux qui l’ont vécue et sont aujourd’hui face à des décisions et à des remontées de souvenirs.

Les spectateurs sont installés dans le foyer du Ranelagh, réhabilité, rafraîchi par une campagne de travaux (comme la salle désormais très confortable et toujours aussi belle) décidée par Catherine Develay, la directrice. On s’assied à des tables, on sirote des boissons fraîches, des cafés. Il y a un canapé et quelques fauteuils de théâtre alignés. Les comédiens, les mêmes que ceux du « Misanthrope », plus la jeune fille, jouent devant et parmi le public ces « Derniers remords avant lx ‘oubli ». On est pris dans l’histoire. Parfois le ton monte un peu trop haut. Mais on suit l’histoire douloureuse et surtout l’on entend très bien cette langue étonnante, tout en reprises, répétitions, comme un tissu qui se crée devant nous. C’est la langue, ici, la vedette. Et on en goûte tous les sucs. Cela donne envie à ceux qui ne le connaissent pas de découvrir Jean-Luc Lagarce (1957-1995), sans doute l’un des auteurs contemporains les plus joués aujourd’hui, et toujours étonnant.

Le  spectacle est vif. Il peut se voir avant « le Misanthrope ». Il y a du temps entre les deux spectacles pour se délasser. Et les samedis, à 15 h 30, on peut voir en plus une version brève d’« Arlequin, serviteur de deux maîtres », de Goldoni.

Théâtre Le Ranelagh (tél. 01.42.88.64.44), à 19 heures, du mercredi au samedi. Durée : 1 h 25. Jusqu’au 21 mai. Les textes de Jean-Luc Lagarce sont publiés aux Solitaires Intempestifs.

A. H.

Source : Le Quotidien du Médecin: 8950