* « Leto »
Metteur en scène de renom, au théâtre et à l'opéra surtout, Kirill Serebrennikov, assigné à résidence depuis plus d'un an, est actuellement jugé à Moscou. Il clame son innocence face à des accusations de détournement de subventions qui semblent fabriquées de toutes pièces. Selon la pétition de soutien lancée en France il y a un an, il s'agirait en fait d'un de ces procès politiques visant à museler les artistes, et à travers Serebrennikov, « l’un des lieux les plus créatifs et contestataires de Moscou », le Gogol Center, qu'il dirigeait depuis 2012.
Très applaudi à Cannes, « Leto » (l'été) évoque aussi une création contestataire, celle de deux musiciens qui ont changé le cours du rock en Union soviétique dans les années 1980, Viktor Tsoï (l'acteur coréen Teo Yoo), leader du groupe Kino, et Mike Naumenko (le chanteur Roman Bilyk), de Zoopark. Sans se préoccuper des repères biographiques, le film saisit des moments de vie et de création, avec pour fil conducteur une sorte de trio amoureux à la « Jules et Jim ». Les images, dans un noir et blanc lumineux, avec parfois des séquences flash en couleur ou des éléments graphiques, sont elles-mêmes des créations. Avec la musique, elles suscitent une énergie communicative.
* « Les Confins du monde »
Après la vallée de la Mort (« Valley of Love »), Guillaume Nicloux nous entraîne à nouveau dans une quête existentielle, mais loin de l'Amérique, dans l'Indochine de 1945-1946, alors que les indépendantistes vietnamiens se lancent dans la reconquête de leur pays. Pour autant, il s'agit moins de guerre que d'une dérive solitaire. Celle d'un jeune militaire, seul survivant d'un massacre où a péri son frère, courant à travers la jungle, bien décidé à se venger des meurtriers. Jusqu'à sa rencontre avec une jeune Indochinoise. Des scènes violentes, mettant en scène des actes d'une particulière cruauté, des paysages étouffants, des lieux aux couleurs crues pleins de bruit et de fureur : Nicloux ne ménage pas le spectateur. Mais en faisant de Gaspard Ulliel son personnage principal, il met l'humanité et ses ambiguïtés au centre de son récit, le sauvant d'un excès de dramatisation.
* « Marche ou Crève »
Elisa est sur le point de quitter sa famille, après l'été ; mais c'est sa mère qui est partie et elle doit aider son père à s'occuper de sa grande sœur, polyhandicapée. Margaux Bonhomme, la réalisatrice, photographe qui signe son premier long métrage, est partie de son expérience personnelle. Elle évoque, certes, le problème de l'accueil des handicapés, mais le cœur de son film réside dans les liens familiaux, ce qu'ils pèsent et ce qui les menace, la culpabilité, la jalousie, la séparation… Partir, rester, donner raison à sa mère ou à son père, Elisa balance d'autant plus qu'elle vit de premières amours, tandis que sa sœur a de plus en plus besoin d'elle. Margaux Bonhomme tire parti d'un beau trio d'acteurs (Diane Rouxel, Cédric Kahn, Jeanne Cohendy) et aussi de la magnifique et sauvage nature du Vercors,
* « Monsieur »
Le film de Laurent Delahousse sur Jean d'Ormesson commence mal : abus de gros plans et images bucoliques inutiles. Et puis, le charme d'Ormesson agit, avec son ironie, son goût du bonheur et sa belle langue, même dans l'intimité, et le film prend sa cohérence. Le journaliste a suivi l'écrivain pendant ses dernières années, dans son hôtel particulier de Neuilly, à l'Académie française, en Corse… Il a filmé des rencontres savoureuses (Luchini, Macron, qui le fait penser à la chauve-souris de La Fontaine, entre autres) et de jolis dialogues familiaux. Si la caméra ne cache pas les signes du grand âge, elle capte parfaitement la vivacité préservée de l'intelligence.
Et aussi
« Pupille », de Jeanne Herry, sur le parcours de l'adoption et d'un bébé né sous X, avec Sandrine Kiberlain, Gilles Lellouche, Élodie Bouchez. « Ma mère est folle », comédie de Diane Kurys avec Fanny Ardant et Vianney. « Astérix - Le Secret de la potion magique », film d'animation de Louis Clichy et Alexandre Astier.
DJ et médecin, Vincent Attalin a électrisé le passage de la flamme olympique à Montpellier
Spécial Vacances d’été
À bicyclette, en avant toute
Traditions carabines et crise de l’hôpital : une jeune radiologue se raconte dans un récit illustré
Une chirurgienne aux nombreux secrets victime d’un « homejacking » dans une mini-série