Théâtre
Lorsque l’on découvre ou redécouvre « Platonov », on a du mal à imaginer qu’il s’agit de la première pièce d’un jeuneétudiant de 20 ans qui va devenir médecin sans jamais renoncer à la littérature et en se dévouant aux autres, toute sa courte vie (1860-1904). Une longue pièce, un peu désordonnée, qui contient déjà tous les thèmes, les personnages, les atmosphères de l’œuvre magistrale de Tchekhov.
« Platonov » est l’histoire d’un désenchantement : comment l’étudiant si brillant en qui chacun voyait un grand avenir est devenu cet instituteur de province qui ne croit à rien, se distrait en séduisant les femmes et en semant le chagrin autour de lui, indifférent à sa femme et à ses devoirs. L’action se situe dans la propriété de la jeune veuve du général Voïnitsev, Anna Petrovna. Accablée de dettes, très séduisante, elle est entourée de tout un petit monde jacasseur et intéressé. Traduite par Françoise Morvan et André Markowicz, la pièce est d’une langue vive et drue. Elle a été coupée sans perdre sa sève.
On connaît depuis longtemps le collectif Les Possédés, créé en 2002. Ils sont neuf, presque tous issus du cours Florent. Ils ont pris leur destinée en main et se sont imposés, à travers des œuvres de Jean-Luc Lagarce ou de Tchekhov, déjà (« Oncle Vania »). L’écueil sur lequel bute un collectif est toujours celui de la question de la génération et du renouvellement. Lorsque l’on est très jeune, on peut tout jouer. Lorsque l’on est mûr, c’est plus difficile. Dans ce « Platonov », on ne peut s’interdire de noter qu’il y a des comédiens et comédiennes en léger décalage avec leur partition. Mais ce n’est pas grave. L’ensemble est convaincant, malgré quelques baisses de tension.
Rodolphe Dana est un Platonov comme il doit l’être, irritant, exaspérant, incertain, souvent insincère. Toutes les femmes l’aiment, pourtant… Face à lui, Emmanuelle Devos, qui a donc choisi de plonger, comme les autres, dans une aventure commune, est bouleversante du premier au dernier mot. N’en disons pas plus. Il faut se laisser porter par les couleurs romanesques de cette première pièce qu’Anton Tchekhov, parfois, nomma « Être sans père ». Une formule qui éclaire les faits et les comportements.
La Colline, du 8 janvier au 11 février. À 19 h 30 le mardi, à 20 heures du mercredi au samedi, à 15 heures le dimanche. Durée : 3 h 30, entracte compris. Tél. 01.44.62.52.52, www.colline.fr.
Une longue tournée en France suit jusqu’au printemps : Colombes, Gap, Marseille, Toulouse, Antony, Brest, Rungis, Dunkerque, Lille, Angers, Tours.
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