Classique
Qui n’a jamais vu diriger Carlos Kleiber (1930-2004), fils d’Erich Kleiber, le créateur de « Wozzeck » de Berg, ne peut se faire une idée du magnétisme qui se dégageait de la longue silhouette de ce chef viennois, de l’efficacité de son geste, de l’élégance de ses bras de danseur, de l’expressivité de son visage au profil fascinant et de la répercussion de tout cela sur la qualité de la musique. Kleiber dirigea peu, pratiquement uniquement à Vienne et Munich et, selon les mauvaises langues quand il avait besoin d’une nouvelle voiture ou si Madame Kleiber lui disait que le réfrigérateur était vide !
Voici, de retour sur DVD, les deux fameuses répétitions (suivies du concert) enregistrées à Stuttgart en 1970 avec le Südfunk-Sinfonieorchester. Ces répétitions, filmées en noir et blanc, ont fait l’an dernier l’objet d’un livre du politicien Bruno Le Maire (« Musique absolue », Gallimard), dont nous avions ici rendu compte. « La Chauve-souris » de Johann Strauss faisait partie des opéras favoris de Kleiber. Il en subsiste un témoignage vidéo irremplaçable de 1987 à l’Opéra de Bavière (Universal). C’est précisément l’Ouverture qu’il dirige dans la première répétition, avec un pouvoir de conviction ahurissant. Il donne à ses musiciens des indications aussi imagées que « Cela manque de nicotine… » ou parle de « mélange schizophrénique entre drôle et triste, de complot, de tour de passe-passe », images qui font toujours mouche Pour l’Ouverture du « Freischütz » de Weber, il convoque les fantômes : « Ce sont des esprits mathématiques et cela rassure ! » Indispensable pour comprendre comment peut passer le fluide entre un chef et ses musiciens, techniquement et intellectuellement .
Avec Karl Böhm (1894-1981), on est moins dans le spectaculaire, plus dans la répétition militaire. Ce chef à la longévité exceptionnelle a été un proche du compositeur Richard Strauss, dont il a assuré la création de plusieurs opéras. En l’écoutant répéter, plutôt disséquer, en 1970, « Don Juan », l’opus 20 du compositeur bavarois, à la tête des Wiener Philharmoniker, qui lui mangent dans la main, on apprend beaucoup sur le style. Et le concert entier qui suit est d’une intensité brûlante. Mais le document d’origine n’est pas d’une grande qualité de son et d’image. L’introduction donnée comme bonus est très instructive, sur les poèmes symphoniques de Richard Strauss, sa jeunesse à Weimar et les différences entre les « Don Juan » de Lenau et de Da Ponte-Mozart.
Élève d’Arturo Toscanini, Erich Leinsdorf (1912-1993) est enregistré à Baden-Baden alors qu’il a 77 ans, en 1989. Un rare document à la tête d’un orchestre allemand (Südwestfunk Orchester) et dans un répertoire allemand (Prélude de « Parsifal » et « Symphonie n°4 » de Schumann). Car ce Viennois a émigré au moment de l’Anschluss et a fait l’essentiel de sa carrière aux États-Unis, notamment à Boston, avec l’Orchestre symphonique, dont il a fondé la grande réputation. La répétition minutieuse et le concert assurent une haute valeur pédagogique à ce document.
Le Roumain Sergiu Celibidache (1912-1996) aurait pu, si Herbert von Karajan ne s’était pas trouvé sur son chemin, être le successeur de Furtwängler à la tête des Berliner Philharmoniker. C’est à Stuttgart, à la tête du moins prestigieux Radio-Sinfonieorchester des SWR, qu’on peut admirer son art de la direction et son infaillible instinct musical, dans « Till Eulenspiegel », de Richard Strauss, en 1965 (avec concert), puis en 1982 avec la seule répétition de « Shéhérazade », de Rimski-Korsakov. Un autre géant de la baguette !
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