De Brooklyn, La Nouvelle Orléans ou ailleurs

Du blues qui déménage

Par
Publié le 21/11/2016
Article réservé aux abonnés
Jazz-JS Taylor

Jazz-JS Taylor
Crédit photo : DR

Jazz-Popa Chubby

Jazz-Popa Chubby
Crédit photo : CRISTINA ARRIGONI

De son vrai nom Theodore « Ted » Horowitz, Popa Chubby est l’archétype du bluesman ultra-urbain. Normal : ses racines se trouvent dans les rues de New York, et plus précisément celles de son quartier, Brooklyn. D’où un blues, souvent teinté de rock, de funk et de pop, voire de punk, qui cogne et qui déménage. Une musique dans laquelle des riffs de guitare électrique ravageurs et accrocheurs se mêlent à une voix aussi puissante que son imposante physionomie.

Pourtant, dans sa dernière livraison, « The Catfish » (Verycords/Warner Music), le « Mr. Muscle » du blues explore de nouvelles facettes de la musique américaine et, avec douze titres (dont dix compositions originales), brouille les pistes. S’il évoque naturellement le père fondateur du blues, Robert Johnson (« C’mon In My Kitchen »), il invoque d’autres esprits (le jazz de Wes Montgomery sur « Wes Is Mo ») et se réfère aux événements tragiques survenus à Paris – une ville qu’il adore – en 2015 dans l’instrumental « Blues For Charlie ».

Plus de 60 ans de carrière et enfin (ou presque !) la reconnaissance. À 83 ans, Bobby Rush, longtemps un second couteau, revient sur le devant discographique. Un temps voisin de Muddy Waters, Emmett Ellis Jr., de son vrai nom, a croisé la route d’autres géants de la « musique du diable », comme Howlin’ Wolf, Willie Dixon ou encore Jimmy Reed, et a remporté plusieurs victoires à la Blues Foundation. Surnommé le « King of the Chitlin’ Circuit » (un circuit de clubs et de théâtres, principalement situé dans le Sud des États-Unis, qui permettait aux artistes afro-américains de se produire uniquement pour un public noir), il vient de publier « Porcupine Meat » (Concord/Socadisc), enregistré sur ses terres de La Nouvelle-Orléans, avec comme invités les guitaristes Keb’Mo’ et Joe Bonamassa. Le chanteur/harmoniciste y rend un vibrant hommage à la richesse musicale très éclectique et riche de la Cité du Croissant.

Cherchez la femme

Longtemps sujet et objet des chansons de blues, la femme est devenue depuis le début de ce siècle partie plus qu'active dans le blues moderne. Nouvelle étoile montante du genre, Joanne Shaw Taylor. À 30 ans, la jeune guitariste et chanteuse anglaise, découverte à 16 ans par Dave Stewart, du groupe Eurythmics, affiche résolument ses penchants musicaux et vocaux : Stevie Ray Vaughan, Jimi Hendrix, Albert Collins notamment, ainsi que l'école de Memphis et de Nashville. Son dernier CD, « Wild » (Axe House Music/La Baleine), confirme ses multiples talents, sa déjà grande expérience, ainsi que la solidité et la vélocité de ses riffs à la guitare. Une instrumentiste expressive, qui n'a pas peur de reprendre à sa manière un grand classique, « Summertime ». Cette jeune femme qui n'a pas froid aux yeux est actuellement en tournée en France (Ploemeur le 23, Les Pennes-Mirabeau le 24, Bourg-en-Bresse le 25, Auxerre le 27).

 

 

Didier Pennequin

Source : Le Quotidien du médecin: 9536