Situé dans un quartier populaire, le Volksoper, deuxième scène lyrique, ex aequo avec le Theater an der Wien, spécialisé dans l’opéra baroque, exploite un répertoire qui comprend la comédie musicale, l’opérette viennoise, des ballets et des opéras populaires. Il ouvrait sa saison avec « l'Étudiant pauvre » (1882) de Carl Millöcker, créé l'an dernier. Ce prototype de l’opérette viennoise classique, variante intrigue polonaise, alors très en vogue, a été sérieusement rafraîchi pour s’adapter au goût du jour.
Dans des décors rudimentaires mais ingénieux de Karel Spanhak, la mise en scène d’Anatol Preissler, si elle reste traditionnelle, avec beaucoup de fantaisie dans la direction d’acteurs, contient quelques trouvailles. Comme de meubler l’ouverture avec une recherche Google Earth et des cartes postales pour situer l'action dans l'espace, à Cracovie, et dans le temps, le début du XVIIIe, l’époque de l’occupation saxonne. Et, comme c’est autour de la libération de cet occupant que tourne l’intrigue, elle comporte force travestissements, intrigues, faux mariages, tous ingrédients idéals d’une excellente opérette, qui fut le seul vrai succès de Carl Millöcker.
Les costumes de Marrit van der Burgt mélangent la tradition à une fantaisie à la « Pirates des Caraïbes » pour les costumes des Saxons. De nombreuses allusions cinématographiques pimentent l’action, qui se déroule avec une belle fluidité. Musicalement la réalisation est parfaite, avec une distribution soudée comme on en trouve encore dans ces théâtres de troupe, où aucun chanteur ne tire la couverture à lui.
Une folle nuit
La production de « la Chauve-Souris » qu’affiche le Volksoper, en concurrence avec celle du Staatsoper, date de 1987. S’agissant d’une présentation tout à fait traditionnelle, elle semble ne pas avoir pris une ride et frise l’excellence.
« La Chauve-Souris » de Johann Strauss Jr, reine absolue des opérettes viennoises, est à Vienne affaire sérieuse. Elle est représentée pour les fêtes de fin d’année au Staatsoper, où Gustav Mahler la fit entrer en 1897, avec son traditionnel gala, qui convoque à la fin du deuxième acte tout ce que la ville peut réunir de stars du chant.
La mise en scène actuelle, la douzième depuis 1907 (le nombre de représentations y avoisine les 2 000), date de 2006 et est signée par le ténor autrichien Heinz Zednik, dont la réputation internationale a culminé à Bayreuth dans « la Tétralogie » montée par Pierre Boulez et Patrice Chéreau (1976-1980). Sa conception, et c’est heureux, ne varie pas d’une virgule de la tradition, dans un décor adéquat et efficace de Pantelis Dessyllas, avec des costumes superbes de Doris Engl. Luxe absolu, ce sont des danseurs du Wiener Staatsballet qui assurent polkas et galop à la fête du prince Orlofsky.
Tout est joué dans la parfaite tradition viennoise, avec des chanteurs excellant dans les abondants dialogues parlés. Et, au troisième acte, le comédien Gerhard Ernst, bien connu des téléspectateurs pour les séries « Tatort » et « Kommisar Rex », se livre à des improvisations comiques, comme il se doit dans le rôle de Frosch, gardien de la prison.
Musicalement, on est à un niveau d’excellence enviable. Autant l a distribution que l’orchestre, auquel Guido Mancusi insuffle finesse, énergie et un ressort bien viennois, et que les chœurs du Volksoper, magnifiques dans tous les ensembles.
Devant tant de tradition suprêmement assumée, on se met à rêver et à déplorer que Paris n’ait pas, ou plus, un instrument aussi exceptionnel que le Volksoper de Vienne, pour transmettre à un public sans cesse renouvelé, dans le respect du style, le patrimoine d’une musique qui, pour être plus légère, n'en demande pas moins de soins.
Prochaines représentations : de « la Chauve-souris » les 29 septembre, 3 et 6 octobre, 13 et 30 novembre, 13 et 31 décembre, 1 er janvier, et de nombreuses dates jusqu’à la fin de juillet 2018. www.volksoper.at
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