On connaît bien maintenant le système Tcherniakov, ses grandes réussites, ses limites, ses échecs aussi. En s’attaquant à « la Fiancée du tsar », opéra rarement représenté de Rimski-Korsakov, le metteur en scène russe joue sur du velours. Aucune référence récente, un livret plutôt bien ficelé, une histoire à transposer du XVIe siècle à notre ère hypermédiatisée et une superbe partition. Représenté au premier degré l’opéra tient bien la route. Version Tcherniakov à l’Opéra de Berlin en 2013 : le tsar est virtuel, reconstitué par des ordinateurs à partir d’images d’autres tsars, rois et présidents. Le travail du metteur en scène sur les acteurs est comme toujours celui d’un orfèvre, la démonstration théâtrale extrêmement brillante, mais on voit une autre histoire, dans laquelle on peut décrypter tous les maux du siècle, du pouvoir, de l’omnipotence des images, leur danger, etc., etc.
Daniel Barenboïm se montre à son meilleur, dirigeant l’œuvre avec toute la violence dramatique qu’elle contient, à la tête d’un Staatskapelle Berlin chauffé à blanc. La distribution est exceptionnelle. À l’applaudimètre, le public ne s’y trompe pas, c’est le mezzo soprano géorgien Anita Rachvelishvili, qui tient le rôle secondaire de Lyubasha, qui l’emporte. Magnifique timbre corsé, sombre, et présence dramatique indéniable, elle mérite amplement ce triomphe. Anatoli Kotscherga, vétéran de la scène lyrique, étonne également, avec des moyens encore immenses et une présence scénique magnifique, dans le rôle du marchand Vasily Sobakin.
Une grande soirée de théâtre, qui laisse cependant perplexe quant à l’avenir du travail de Dimitri Tcherniakov. Depuis l’« Eugène Onéguine » du Bolchoï qui l’a propulsé il y a presque dix ans, pour quelques scènes ou actes inoubliables (comme le Bal d’« Onéguine » ou le champ de pavots polovtsien du « Prince Igor »), que de redites ! Combien de temps ce système gardera-t-il la cote auprès du public et des directeurs de théâtre ? (Bel Air Classiques).
Une référence
« Show Boat » n’est pas le meilleur musical possible mais il précède et annonce les grandes œuvres de Rogers et Hammerstein et est considéré comme l’œuvre fondatrice de la comédie musicale américaine. Il est bien ficelé théâtralement et son intrigue, scabreuse pour l’époque (1927), liée à une page de l’histoire des États-Unis et au problème du racisme, reste d’actualité. La structure même de ce musical, avec ses chansons intégrées à l’action théâtrale, en fait un ouvrage idéal pour une troupe d’opéra. C’est dans cette optique que l’Opéra de San Francisco l’a programmé en 2014, en en confiant la réalisation à Francesca Zambello, qui, comme elle l’explique dans les interviews données en bonus, a baigné depuis l’enfance dans ce monde du musical. Elle excelle à mettre en scène les grands effectifs scéniques et la réussite est totale. Décors et costumes jouent le premier degré historique, choeurs et danseurs sont un mélange d’interprètes afro-américains et caucasiens, ce qui distingue cette production des grandes références scéniques et cinématographiques.
Le chef d’orchestre John de Main a opté pour une version très complète et l’orchestre de l’Opéra de San Francisco ajoute un plus indéniable par rapport à la maigreur des ensembles instrumentaux utilisés quand le musical est représenté, même sur les scènes mythiques londoniennes et new-yorkaises. La distribution est exceptionnelle, dominée par la personnalité et les qualités vocales d’Heidi Stober (Magnolia) et les qualités dramatiques de Patricia Racette (Julie La Verne). La chorégraphie de Michele Lynch est d’un goût exquis, comme la mise en scène de Francesca Zambello, parfaitement filmée. Une référence (EuroArts).
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