Une prestigieuse débutante, Vanessa Paradis, une comédienne dans la splendeur de son art, Judith Magre, donnent le ton d’une rentrée frémissante. Contraint à de longues périodes de relâche, le monde du théâtre piaffait depuis longtemps. Personne ne reprend sans une certaine inquiétude. Chacun se demande si le public sera au rendez-vous. Si l’on en juge par la fréquentation des festivals d’Avignon et de Paris l’été, ou par le triomphe actuel de « la Course des géants » de Mélody Mourey, aux Béliers Parisiens, histoire habilement contée et mise en scène avec vivacité des débuts de la conquête de l’espace, les spectateurs devraient être là.
Nombreux sont les spectacles qui mettent en appétit. Pour applaudir la ravissante Vanessa Paradis, il faut aller au Théâtre Édouard VII à partir du 14 septembre. Samuel Benchetrit a écrit « Maman » et met en scène cette comédie à sa manière, dirigeant également Éric Elmosnino et Félix Moatti, jusqu’au 31 décembre.
Judith Magre les précède au Poche-Montparnasse, ayant commencé dès le 26 août. Elle interprète une des secrétaires de Goebbels dans « Une vie allemande ». Christopher Hampton a écrit ce monologue, traduit par Dominique Hollier, en s’inspirant d’une longue interview de la « vraie » dame, qui a vécu tranquille jusqu’à 100 ans et plus. Thierry Harcourt signe la mise en scène, à voir jusqu’au 17 octobre.
Du côté des textes classiques, la Comédie-Française parie sur « les Démons », d’après Dostoïevski, en invitant le grand metteur en scène qui travaille à Anvers, Guy Cassiers. Une superbe distribution, avec notamment Hervé Pierre, Alexandre Pavloff, Serge Bagdassarian, Dominique Blanc, Jennifer Decker. Comédie-Française, salle Richelieu, du 22 septembre au 16 janvier.
Un autre grand étranger marque cette rentrée, mais lui est un grand habitué des scènes françaises : Robert Wilson reprend la mise en scène de l’un de ses spectacles de légende, « I was sitting on my patio this guy appeared I thought I was hallucinating ». Une création d’il y a 44 ans avec Lucinda Childs. Ces deux aînés transmettent le jeu à Christopher Nell et Julie Shanahan. À voir dans le cadre du Festival d’Automne, à l’Espace Cardin, du 20 septembre au 23 octobre.
Toujours séduisant, Marivaux est à l’affiche du Poche depuis le 24 août. Didier Long a choisi « l’Île des esclaves », que jouent notamment Chloé Lambert et Hervé Briaux jusqu’au 5 décembre, tandis qu’à la Tempête sera repris plus tard « À l’abordage », adaptation de l’année dernière du « Triomphe de l’amour », une version potache de Clément Poirée qui avait plu et que l’on retrouvera du 7 au 12 décembre avant une longue tournée.
C’est avec un grand Pirandello, « Comme tu me veux », que Stéphane Braunschweig ouvre l’Odéon du 6e, dirigeant Annie Mercier, Chloé Réjon, Alain Libolt, Claude Duparfait (du 10 septembre au 9 octobre, avant-premières les 8 et 9 septembre).
Sida, PMA, Freud
Au Rond-Point, Jean-Michel Ribes fête les vingt ans de sa direction et son prochain départ en nous disant : « J’habite ici ». Sa nouvelle pièce est jouée par Annie Grégorio, Marie-Christine Orry, Olivier Broche, Romain Cottard, beaucoup d’autres comédiens très drôles (du 3 septembre au 17 octobre, grande salle). Salle Jean-Tardieu, on découvrira du 8 septembre au 3 octobre « The Normal Heart », de l’Américain Larry Kramer, décédé en mai 2020. Ce fut la première pièce sur le sida.
Grave est aussi Pauline Bureau, qui a beaucoup de talent et s’interroge sur la PMA dans « Pour autrui » à la Colline, du 21 septembre au 17 octobre (et en tournée dans toute la France en 2021-2022). Du côté du Rive-Gauche, on retrouve « le Visiteur », la pièce célèbre d’Éric-Emmanuel Schmitt, avec pour « personnage » Sigmund Freud, et de nouveaux protagonistes, Sam Karmann et Franck Desmedt, à partir du 8 septembre.
Assurons-nous des soirées cocasses avec « Qu’est-il arrivé à Bette Davis et Joan Crawford ? » qui réunit au Petit Saint-Martin Amanda Lear et Michel Fau, à partir du 11 septembre, et la comédie taillée sur mesure de Salomé Lelouch, « Fallait pas le dire », qui dirige sa mère et son beau-père, Évelyne Bouix et Pierre Arditi (Théâtre de la Renaissance, à partir du 24 septembre).
Dans un registre plus grave, deux grands comédiens s’affrontent en demi-frères : Niels Arestrup et François Berléand créent la pièce d’Isabelle Le Nouvel, « 88 fois l’infini », aux Bouffes Parisiens, du 29 septembre au 2 janvier prochain. Au Montparnasse, c’est un presque classique que l’on retrouve actuellement : la version, signée Milan Kundera, de « Jacques et son maître » d’après Diderot, avec Stéphane Hillel et Nicolas Briançon qui signe la mise en scène. De belles soirées en perspective.
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