Des hommages bienvenus

Batteur au sein du quintet original d'Horace Silver (1928-2014), entre 1956 et 1959, et ami intime de ce dernier, Louis Hayes, 80 ans, avait toute légitimité pour rendre hommage au pianiste-compositeur-chef d'orchestre. Mais au-delà de l'hommage, « Serenade For Horace » (Blue Note/Universal) est une forme de testament à la vitalité et à la musicalité de l'œuvre d'Horace Silver.

Louis Hayes est à la tête d'une formation hyperrodée : Steve Nelson  (vibraphone), Abraham Burton (saxe), Josh Evans (trompette), David Bryant (piano) et Dezron Douglas (contrebasse). Plus un invité de marque, Gregory Porter (sur le tube « Song For My Father »). Il s'est concentré sur la période et l'âge d'or hard-bop du compositeur. D'où de magistrales interprétations de standards, comme « Senor Blues », « Juicy Lucy » ou encore « Room 608 », revisités avec amour, fidélité et un feeling très accrocheur digne d'une grande époque. D'excellentes vibrations !

Plus de 60 ans après sa disparition, à l'âge de 35 ans, Charlie Parker continue d'exercer une réelle fascination. « The Passion of Charlie Parker » (Impulse !/Universal, sortie prévue le 16 juin) répond à une démarche relativement inédite, reprendre certaines des compositions emblématiques du génialissime Bird. Le saxophoniste-ténor Donny McCaslin, dont la popularité a explosé après sa participation à l'enregistrement du dernier album de David Bowie, « Blackstar », a réuni quelques-uns des meilleurs chanteuses et chanteurs actuels, pour des versions vocales, sur des textes originaux, de pièces déterminantes de l'univers parkerien. Le tout présenté comme une œuvre théâtrale. Ont répondu à l'appel des stars comme Madeleine Peyroux, Melody Gardot, Gregory Porter et Kurt Elling, le comédien Jeffrey Wright (qui prête sa voix à Bird), Barbara Hannigan (qui interprète le rôle de Chan, la femme de Charlie Parker), et la toute jeune et très talentueuse pianiste Kandace Springs.

Donny McCaslin a fait appel à Ben Monder (guitare), Mark Guiliana (batterie) – deux complices entendus avec Bowie –, Craig Taborn (piano/orgue), Eric Harland (batterie/vibraphone), Scott Colley et Larry Grenadier (ex-Brad Mehldau, contrebasse).  Pour faire revivre une musique intense et parfois torturée. À l'image de la personnalité de l'Oiseau, trop tôt disparu, dont les ailes ont été brûlées par ses propres démons.