Cinéma
Plus d’un quart de siècle après « Hope and Glory », son enfance pendant le Blitz, John Boorman raconte la suite, ses deux ans dans l’armée, dans « Queen and Country ». Une évocation pleine d’humour.
Le garçon de 18 ans appelé sous les drapeaux en 1952 ne connaît pas grand-chose à la vie et à l’amour, sinon ce qu’il en a vu au cinéma. Cette période va être particulièrement formatrice, mais pas à l’obéissance aveugle à la hiérarchie militaire. Bill et son ami Percy – ils se sont reconnus en récitant une réplique de « Casablanca » – affrontent en particulier un sergent-major particulièrement psychorigide (David Thewlis) et vivent leurs premières amours lors de permissions.
Certaines scènes, comme l’enseignement de la dactylo aux soldats ou la disparition d’une horloge victorienne, frôlent le burlesque. D’autres sont plus dramatiques, quand il est question de la guerre de Corée, à laquelle les Britanniques participent, ou de déceptions amoureuses. Mais dans l’ensemble le ton est à la gaîté, celle de la jeunesse quand elle a la vie devant soi et le goût de la liberté. Et celle d’un cinéaste qui se penche avec bonheur sur un passé vieux de 60 ans et en retrouve toutes les couleurs.
John Boorman, qui aura 82 ans le 18 janvier, dit que c’est son dernier film. Une belle carrière s’arrêterait sur les visages de deux jeunes acteurs prometteurs, Callum Turner et Caleb Landry Jones.
Faits-divers
Cette première semaine de 2015 ne manque pas d’autres propositions intéressantes. Comme « Captives », le thriller à la construction étudiée du Canadien Atom Egoyan, qui était en compétition à Cannes. Huit ans après la disparition d’une fillette, les événements se précipitent, dans les paysages enneigés de la région du Niagara. Il y a beaucoup de pistes de réflexion intéressantes dans ce polar d’aujourd’hui. N’était une fin un peu lourde, on n’est pas loin du meilleur d’Egoyan, celui « Des beaux lendemains ».
Enquête policière aussi dans « l’Affaire SK1 », de Frédéric Tellier, qui nous emmène sur les traces de Guy Georges, « le tueur de l’Est parisien », en compagnie de Raphaël Personnaz, l’inspecteur obstiné qui a mené la traque longue de sept ans, avec aussi Nathalie Baye en avocate.
On retrouve avec plaisir Xavier Beauvois qui, pour « la Rançon de la gloire », avec Benoît Poelvoorde et Roschdy Zem, a trouvé le point de départ de son « conte humoristique » dans un fait-divers de 1977 : le vol du cercueil de Charlie Chaplin et la demande de rançon à la famille. On retrouve aussi Pascal Thomas avec une comédie policière librement inspirée de Ruth Rendell, « Valentin Valentin ». Tandis que dans « Invincible », Angelina Jolie retrace l’épopée du coureur olympique Zamperini, qui, en 1942, fut l’un des trois survivants d’un accident d’avion au-dessus du Pacifique et dériva pendant 47 jours sur un canot avant d’être fait prisonnier par les Japonais.
Drames et rires
Que nous réserve 2015 en matière de plaisirs cinématographiques ? Citons quelques films dont on devrait beaucoup parler, qualités intrinsèques ou/et marketing bien fait. En janvier et février, en piste pour les oscars (22 février), on découvrira l’excellent « Foxcatcher », « Birdman » d’Iñárritu, avec Michael Keaton, et, candidat pour le meilleur film étranger, « les Merveilles », d’Alice Rohrwacher. En février également, « Cinquante nuances de Grey », qui aura sans doute du mal à obtenir autant de succès que le livre dont il est tiré, et « American Sniper », de Clint Eastwood, avec Bradley Cooper en tireur d’élite envoyé en Irak.
On attend avec curiosité, en mars, la nouvelle folie des Wachowski, « Jupiter : le destin de l’univers », Jupiter étant le nom de l’héroïne (Mila Kunis), promise à un destin cosmique. Tout comme « Big Eyes », dans lequel Tim Burton évoque la peintre Margaret Keane (Amy Adams), qui se battit en justice contre son mari qui revendiquait ses œuvres (Christoph Waltz). Sean Penn est le héros de « The Gun Man », d’après « la Position du tireur couché », de Manchette. En mai, revoici Mad Max, incarné cette fois par Tom Hardy, et en juin les dinosaures de « Jurassic World ».
Côté français, « le Dernier Loup », tourné en Chine par Jean-Jacques Annaud, arrive en février. Benoît Jacquot signe une nouvelle adaptation, « libre », du « Journal d’une femme de chambre », avec Léa Seydoux et Vincent Lindon (avril) et Joann Sfar revisite « la Dame dans l’auto avec des lunettes et un fusil » (avril). Louis de Funès est au générique de « Pourquoi j’ai pas mangé mon père », comédie préhistorique de Jamel Debbouze, de l’animation tournée en utilisant la performance capture, avec des images recyclées de « la Folie des grandeurs » (avril).
Citons encore Marjane Satrapi, qui a tourné « The Voices » (mars) aux États-Unis, avec Ryan Reynolds dans le rôle d’un homme que son chat pousse à commettre des meurtres. Le film est sélectionné pour le festival du film de comédie de L’Alpe d’Huez, la semaine prochaine, de même que « Papa ou maman », avec Marina Foïs et Laurent Lafitte (ils divorcent et ne veulent surtout pas avoir la garde des enfants, sortie le 4 février), et « Réalité », de Quentin Dupieux, avec Alain Chabat (pour un film d’horreur, un cameraman doit trouver le meilleur gémissement de l’histoire du cinéma, sortie le 18 février).
Quant à « l’Interview qui tue », la comédie de Seth Rogen qui a suscité l’ire de la Corée du Nord et une attaque informatique qui a ébranlé son producteur Sony, sa date de sortie en salles reste incertaine, mais on peut le trouver en ligne.
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