Saxes forts

Des anches passent

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Publié le 20/03/2017
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Jazz-Dmitry Baevsky

Jazz-Dmitry Baevsky
Crédit photo : DR

Génie, révolutionnaire et innovateur dans les champs harmoniques et les schémas rythmiques, improvisateur et compositeur hors pair, Charlie Parker (1920-1955) fut aussi malheureusement un homme à la vie écourtée plus que chaotique, en grande partie à cause de sa dépendance aux drogues. Devenu un mythe et une référence pour des générations de saxophonistes alto, Bird (l'Oiseau), comme il était surnommé, était certes un personnage complexe, mais surtout un instrumentiste qui avait, avec ses comparses de l'école be-bop, ouvert de nouveaux horizons.

« I Remember You » (1953-1954), 13e et ultime volume de l'intégrale Charlie Parker (Frémeaux & Associés), conçue et commentée par le birdologue Alain Tercinet, est un nouveau témoignage poignant – même si toutes les faces ne présentent pas la même intensité, voire utilité, mais ceci est le défaut des intégrales – d'un jazz totalement chamboulé et en rupture. Bird Lives à jamais !

Surnommé le tsar du saxophone alto, Dmitry Baevsky, fils d'un écrivain et d'une traductrice russes, a grandi à Saint-Petersbourg avant d'être découvert, à 19 ans, par la New School of Jazz de New York, qui lui offre une bourse d'étude de quatre ans et les clés de l'Amérique. Après avoir enregistré avec des pointures comme Cedar Walton (piano) ou Jimmy Cobb (batterie), et certains de ses contemporains, comme Peter Bernstein (guitare) ou Jeremy Pelt (trompette), il poursuit, à 40 ans, sa route en tant que leader.

Une route qui le conduit à « The Day After » (Jazz Family/Socadisc), son sixième album. Un disque pertinent et rempli de bonnes vibrations, fait quasiment uniquement de compositions originales. Le tout à la tête d'un quartet inspiré très homogène dans lequel se détache l'admirable pianiste Jeb Patton. Un disque exploratoire puissant et respectueux de la tradition, qui est aussi celui de la maturité et d'une très belle voix du saxophone alto moderne. Et qui sera présenté le 22 mars à Paris, au Duc des Lombards.

Électron libre

Représentant très actif et vibrionnant de la scène jazz avant-gardiste de New York, le saxophoniste/compositeur/chef d'orchestre John Zorn, propriétaire d'un club et d'un label discographique, est un électron libre. Un objet soufflant difficile à classer. S'il est surtout connu en tant que leader de son quartet Masada, c'est aussi un homme qui aime multiplier les expériences. Qu'il pourra présenter lors d'un Week-end Zorn by Zorn à Paris (Philharmonie, Cité de la musique, Louvre, du 31 mars au 2 avril).

, le point d'orgue de ce week-end sera « Bagatelles Marathon » (2 avril), au cours duquel, outre Masada (Dave Douglas, trompette, Greg Cohen, contrebasse, Joey Baron, batterie), se produiront notamment Craig Taborn (piano), le trio de John Medeski (piano), le même aux commandes du quartet de Mary Halvorson (guitare) et la formation Asmodeus du guitariste Marc Ribot. Une soirée jazzy XXL !

 

         

Didier Pennequin

Source : Le Quotidien du médecin: 9565