Classique
Est-ce vouloir jouer les trouble-fête, quand on a des souvenirs, que de les étaler et de placer la barre un peu haut ? On se souvient sur même cette scène de l’Opéra Garnier de deux productions de l’opéra de Mozart, l’une exemplaire de classicisme en 1976 signée Günther Rennert, l’autre sublime en 1984 venant de La Scala de Milan, réalisée par Giorgio Strehler, toute en ombres chinoises. On a le souvenir de distributions étincelantes (Kurt Moll, Christiane Eda-Pierre, Catherine Malfitano, Claes Ahnsjö) et de chefs nommés Karl Böhm, Charles Mackerras, Julius Rudel, Serge Baudo, James Conlon.
En 2014, le prix des places est devenu astronomique et la distribution serait jugée juste correcte sur une scène régionale secondaire alors que l’on est à l’Opéra national de Paris. On est au regret de dire que, hormis peut-être Paul Schweinester (Pedrillo), aucun des chanteurs réunis pour cette production, dirigée le mieux possible par Philippe Jordan, n’avait le profil vocal requis pour son rôle, ni le format vocal pour chanter avec un orchestre symphonique. Une formation baroque aurait mieux convenu dans la fosse.
Le spectacle réalisé par la comédienne, réalisatrice de cinéma et metteur en scène Zabou Breitman ne manque pas de charme. Il a cependant le tort de vouloir en montrer trop, comme si la metteur en scène ne faisait pas confiance au livret et surtout à la musique, qui en dit tant. Le décor de Jean-Marc Stehlé a du charme dans son exotisme de carton-pâte mais surabonde aussi de détails inutiles. Les draps blancs et les ombres chinoises de Strehler, dans leur minimalisme élégant, étaient beaucoup plus éloquents.
Les spectateurs qui n’ont pas nos souvenirs trouveront peut-être ce jugement trop abrupt et nos exigences trop élevées. On leur souhaite de tout cœur une bonne soirée ; on leur rappellera seulement que l’Opéra national de Paris est la première scène lyrique nationale – hélas en théorie seulement, car trop souvent supplanté par des scènes régionales.
Opéra de Paris-Palais Garnier. Reprise du 21 janvier au 15 février 2015. Prochain spectacle : « Hänsel et Gretel », d’Engelbert Humperdinck, du 20 novembre au 18 décembre. Places de 10 à 250 euros. Tél. 0892.89.90.90, www.operadeparis.fr.
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