Classique
Créé en 1877 aux Bouffes-Parisiens, « l’Étoile », de Chabrier, est un opéra-bouffe intimiste. Le donner sur une scène de la taille du Musiektheater d’Amsterdam est suicidaire. Certes, la tentation était grande de faire revenir Laurent Pelly après le succès de « l’Amour des trois oranges » de Prokofiev. Mais « l’Étoile », qui se passe en un lieu quasi unique, la cour du roi Ouf et ses environs immédiats, n’a que faire de grands espaces et d’une scène nue à ciel ouvert meublée d’éléments praticables. De plus, les choix esthétiques de Chantal Thomas, lugubres, excluent toute fantaisie. Malgré le surtitrage, le public néerlandais ne semble pas s’être beaucoup diverti à cette pochade tellement française d’esprit et fragile d’humour.
Musicalement en revanche, c’est une belle réussite, avec une équipe quasiment entièrement française et le chef Patrick Fournier, le seul à apporter un peu de fantaisie dans la soirée. Stephanie d’Oustrac tient le rôle travesti de Lazuli avec beaucoup de vaillance, même si les aigus lui posent des problèmes de justesse. Hélène Guillemette, Jerôme Varnier, Elliot Madore sont convaincants dans leurs caractérisations, sans excès dans la bouffonnerie. Christophe Mortagne (roi Ouf) réussit le difficile compromis entre un rôle assez ridicule et une caractérisation musicale parfaite.
Quatre chorégraphes
Comment danser avec la musique ? Belle démonstration avec les quatre chorégraphes du programme « Back to Bach ». La manière de Krzysztof Pastor, formidablement illustrée dans la pièce « In Light and Shadow » ( 2000), est de faire danser en phase avec la musique, sans effets d’illustration excessifs, en une chorégraphie savamment réglée exploitant avec énergie et élégance toutes les possibilités rythmiques qu’offre très généreusement cette musique.
Autre pièce créée en 2000 pour cette compagnie, par le Britannique David Dawson, « A Million Kisses to my Skin », sur le « Concerto pour clavier et cordes BWV 1052 ». Une chorégraphie particulièrement brillante dans laquelle le danseur reste dans une rythmique qui colle à la musique, mais avec une gestuelle en décalage. C’était, malgré des idées très originales quand à l’utilisation de l’espace par neuf danseurs, la seule pièce un peu datée de cette soirée.
« Axiom of choice », d’Ernest Meisner, ancien danseur de la compagnie, était la création mondiale de ce programme. Sa pièce succédait difficilement à la très jubilatoire chorégraphie de Pastor. Quoique tout à fait réglée sur la musique, sa danse ne semble pas coller à la peau des danseurs. Les mouvements sont compliqués, les portés très savants mais rien de cela n’exulte la joie de danser sur une musique aussi… dansante.
Une autre façon de danser sur la musique et probablement la plus convaincante est de s’inspirer des idées du compositeur – et Bach n’en manquait pas – pour régler les mouvements. C’est évidemment celle qu’a toujours privilégiée le vieux maître néerlandais Hans Van Manen, à qui la compagnie rendait hommage en créant la « Fantasía » imaginée en 1993 pour le Nederlands Dans Theater 1. Superbe pièce qui, avec trois couples seulement, remplit immédiatement l’espace de la grande scène ; la seule dans laquelle l’action entre les danseurs paraît passionnelle et pas seulement décorative. Le choix des couleurs chaudes des costumes et l’excellence des interprètes y sont bien sûr pour quelque chose mais l’essentiel est dans la qualité de la chorégraphie et une adéquation parfaite au geste musical. Du grand art ! À 82 ans, toujours chorégraphe résident de la compagnie néerlandaise, Van Manen suit dans la longévité créatrice les traces des grands chorégraphes du siècle dernier qu’étaient Martha Graham, Catherine Dunham ou Ninette de Valois.
Tél. 00.31.20.625.5455 et www.operaballet.nl. « L’Étoile » jusqu’au 26 octobre. « Back to Bach » au printemps dans plusieurs villes des Pays-Bas.
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