IDEES - Pistes philosophiques

Comment bien vivre

Publié le 03/06/2013
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COMME Montaigne, Michel Lacroix, dont nous avons souvent ici même loué la clarté pédagogique, se demande, dans « Philosophie de la réalisation personnelle » (1), comment bien vivre. Un examen de l’histoire des idées révèle selon lui que les réponses sont allées du côté de l’hétéronomie du sujet. Comprendre par là qu’il faut régler sa vie sur un modèle extérieur, un idéal – le Sage, le Saint, le Héros –, ou imiter les grandes figures morales.

Voulant justement placer le sujet en situation d’autonomie, Michel Lacroix nous ramène à une réflexion sur le développement personnel. Cette notion est à notre sens souvent guettée par un agaçant nombrilisme, mais l’auteur refuse de se couper d’autrui et du social, tout en dénonçant l’écueil du communautarisme.

Un livre sympathique, en ce qu’on y retrouve les thèmes récurrents de l’auteur : le potentiel, la liberté et la joie.

Les réponses de Montaigne.

Flaubert prodiguait ce conseil à ses amis : « Lisez Montaigne, il vous calmera…, lisez pour vivre. » Sarah Bakewell rebondit par cette interrogation, qui fournit le titre de son ouvrage, « Comment vivre ? » (2), et les « Essais » semblent fourmiller de réponses données à chacun d’entre nous.

Sarah Bakewell est anglaise, mais son enfance s’est passée partout en Europe puis en Australie. Elle est pourvue de tant de titres universitaires et a reçu pour ses biographies tant de récompenses qu’on n’en esquissera pas la liste.

Le vrai charme de Montaigne, explique-t-elle, est de ne jamais jouer à l’expert en conseils existentiels. Il ne délivre pas de recettes mais semble toujours s’adresser à vous personnellement. « Il est beau pour le mortel de penser à hauteur d’hommes », a-t-il fait graver sur une poutre de sa bibliothèque.

La sérénité de Montaigne nous fait oublier qu’il fut pris, terriblement même, par son époque. Habitué des épidémies de peste, contemporain du fracas des guerres de religion, il n’a jamais renié sa foi catholique. Magistrat puis maire de Bordeaux, Montaigne, affirme Sarah Bakewell, « buta sur les grandes perplexités de l’existence ».

Une existence qui coulera silencieuse. « Cependant, dit le bon Gascon, la mort viendra et il faudra que, bon gré mal gré, tu aies du temps pour elle. »

(1) Robert Laffont, « Réponses », 102 p., 14 euros

(2) Albin-Michel, 490 p., 23,50 euros.

ANDRÉ MASSE-STAMBERGER

Source : Le Quotidien du Médecin: 9247