LE FAIT de jouer ensemble « Cavalleria Rusticana » (chevalerie rustique, si l’on veut traduire) et « I Pagliacci » (les paillasses) est une tradition anglo-saxonne : le fameux « Cav’ and Pag’ » est souvent à l’affiche de Covent Garden comme du Metropolitan Opera et rarement chez nous (« Cavalleria » entre au répertoire de l’Opéra de Paris). On doute du bien fondé de cette réunion, car, si ces deux relativement courts opéras en un acte sont fondateurs du vérisme musical italien, ils le sont de façons opposées. Dans « Cavalleria », tout emprunt d’impressionnisme, se fait sentir l’influence française, Massenet en particulier, et l’action dramatique, d’un seul tenant, d’une simplicité totale y est sous-tendue par une musique d’une grande économie. « Paillasse » sent son inspiration wagnérienne, l’expressionnisme y est à son comble et on ne peut pas dire que l’action soit simple, tout se jouant dans des rapports complexes entre des personnages au moins à deux facettes, par leur fonction de comédiens. La parodie de commedia dell’arte et le théâtre dans le théâtre y ajoutent une torsion supplémentaire. Il n’est donc pas judicieux de les jouer l’un après l’autre, et surtout pas dans l’ordre prescrit par cette tradition, « Cav’ » étant infiniment plus fort sur tous les plans que « Pag’ ».
La production déjà ancienne et qui a beaucoup voyagé de Giancarlo Del Monaco, empruntée au Teatro Real de Madrid, que va présenter l’Opéra de Paris les lie en les intriquant, le prologue de « Paillasse » étant joué avant « Cavalleria ». Visuellement très convaincante – avec, pour figurer la Sicile de « Cavalleria », un noir (les personnages) et blanc (la pierre) épuré, sans fioritures, quasi cinématographique, et, pour le monde du théâtre de « Paillasse », des références au cinéma néoréaliste italien (Fellini notamment) –, elle devrait parfaitement remplir la grande scène bastillane.
Deux distributions de grand luxe ont été réunies. Pour « Cavalleria », Violeta Urmana, enfin dans son élément vocal, Marcello Giordani, Stefania Toczyska et Franck Ferrari. Pour « Paillasse », Brigitta Kele, une Nedda roumaine dont on dit le plus grand bien, le Russe Vladimir Galouzine, vraie bête de scène, pour Paillasse, et Sergey Murzaev. Sous la direction de Daniel Oren, l’orchestre de l’Opéra de Paris, actuellement en forme olympique, et son chœur devraient s’y montrer dignes d’éloges.
Opéra de Paris -Bastille (tél. 0892.89.90.90, www.operadeparis.fr). Jusqu’au 12 mai.
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