On croyait avoir tout lu, tout entendu, tout vu de Maria Callas, diva assoluta et icône de la vie sociale d’un après-guerre providentiel et des flamboyantes fifties. Puis vint Tom Volf, photographe et réalisateur américain de 31 ans qui avoue qu’il y a quatre ans il n’avait jamais entendu parler d’elle.
Pour le jeune homme, ce fut la découverte sur YouTube, la recherche effrénée avec des méthodes de détective de tout ce qui avait été publié sur la cantatrice et le désir d’aller plus loin, de rétablir le personnage dans son humanité, en sortant des propos galvaudés et des idées fausses pour mettre en perspective Maria et Callas, la femme et la diva. Pas facile ! Mais à force de rencontres, recherches, harcèlement des institutions, Tom Volf a réuni assez de matériel pour faire deux livres, une exposition et surtout un film, pas un biopic, un magnifique montage avec des documents inédits et révélateurs.
À La Seine Musicale, complexe culturel qui a poussé l’an dernier sur l’île Seguin, à Boulogne-Billancourt, là où se trouvait l’usine Renault, l’activité s’organise progressivement. Après des débuts hésitants, on peut maintenant y profiter d’une vraie programmation culturelle dans les deux salles : actuellement « West Side Story » dans la grande au format de salle de congrès et des concerts plus classiques dans le bel Auditorium. C’est là que l’on peut voir « Maria by Callas » (1), l’exposition réalisée par Tom Volf à partir des documents retrouvés. Grâce à un audioguide on peut écouter tous ces reportages, interviews, documents sonores inédits, entendre lire les lettres et certains enregistrements emblématiques de sa carrière dans des versions légendaires. Le mythe de la diva à caniches et dont les chignons feraient pâlir d’envie un pâtissier laisse progressivement la place à la femme dans toute sa fragilité, au long d’un parcours magnifiquement réalisé.
Même titre pour le film (2), près de deux heures de bonheur organisées autour d’une interview par David Frost réalisée en 1970 pour la télévision américaine et que l’on croyait perdue, montrant Maria Callas au sommet de son intelligence instinctive, de sa lucidité et ne cachant rien des méandres de sa vie privée.
Un choix de lettres totalement inédites est lu avec génie par Fanny Ardant, qui fut une interprète inoubliable de la pièce de Terrence McNally « Master Class ». La lettre écrite pour un anniversaire d’Onassis est une déclaration d’amour éperdue comme on en connaît peu. Aux documents officiels et déjà publiés sur DVD s’ajoute toute une moisson de films privés en Super 8 récoltés par Tom Volf, qui confèrent à ce film sa grande valeur pour qui croyait tout connaître de la diva.
Soirées mythiques
De son côté, Warner continue la réédition soignée des enregistrements de Callas. Après ceux de studio publiés dans les pochettes d’origine, c’est un coffret luxueux de 42 CD et 3 Blu-ray discs (3), une sélection de ses enregistrements live, aux droits réacquis progressivement par son éditeur (EMI, devenu Warner).
Les bandes radiophoniques au son parfois hasardeux ont été nettoyées pour le meilleur avec les techniques de pointe de remastérisation et la présentation est très soignée, avec des notices et de belles photos d’archives des théâtres. Sur ces 20 intégrales, 12 n’avaient jamais été enregistrées en studio par Callas (« Nabucco », « Les Vêpres siciliennes », « Anna Bolena », « La Vestale »…) et 8 sont des soirées mythiques. Comme sa « Traviata » de Lisbonne en 1958 avec le jeune Alfredo Kraus, sa « Norma » de Londres en 1952 qui avait fait déplacer deux reines, sa « Lucia » de Vienne dirigée par Karajan, sa « Somnambule » de la Scala en 1955 dirigée par Bernstein et même un curieux « Parsifal » de 1950 à Rome, où elle chante le rôle de Kundry en italien. Une somme de bonheurs musicaux que les amateurs inconditionnels ne manqueront pas de convoiter au moment de fêtes de fin d’année.
(1) La Seine musicale, jusqu'au 14 décembre. Tél. 01.74.34.53.53, www.laseinemusicale.com
(2) « Maria by Callas », sortie cinéma le 13 décembre
(3) « Maria Callas Live - Remastered Recordings 1949-1964 », Warner Classics
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