Trois voix féminines

Belles des chants

Par
Publié le 24/04/2017
Article réservé aux abonnés
Jazz-China Moses

Jazz-China Moses

Jazz-Mina Agossi

Jazz-Mina Agossi

Jazz-Ella

Jazz-Ella

Fille de Dee Dee Bridgewater, animatrice radio (TSF Jazz, avec « Made in China », tous les jeudis à 19 heures) et de TV (Arte, Canal+), comédienne, China Moses fait partie de ces chanteuses éponges qui puisent dans tous les répertoires possibles, surtout étiquetés afro-américains, pour se trouver une identité vocale. Après avoir rendu hommage au jazz et à l'une de ses divas, Dinah Washington, il y a une dizaine d'années, elle a fait un détour par le blues et la pop, avant de revenir aux tendances actuelles, à savoir le R&B, la soul, le funk et avec une pincée de jazz.

Son dernier album, « Nightintales » (MPS/PIAS), est la parfaite illustration de cette multi-musicalité très tendance. Et, pour la première fois, ce sont ses propres compositions qui forment l'intégralité de ces enregistrements. Qui passent par toutes les formes, sublimées par la voix particulièrement musclée mais tendre, de China : mélodies bluesy, swinguées, rythmées et énergiques, chantées avec passion et détermination. Un caractère bien trempé pour héritage. China Moses sera en concert le 28 avril à Paris, au New Morning.

Dans le circuit depuis quelques années, la chanteuse franco-béninoise Mina Agossi est aujourd'hui parrainée par une des dernières figures encore vivantes du jazz, le pianiste Ahmad Jamal (né Frederick Russell Jones, 86 ans). Ce dernier l'a d'ailleurs invité sur son nouveau CD, « Marseille », et s'apprête à tourner avec elle cet été (Opéra de Marseille les 12 et 13 juin, Jazz à Vienne le 30 juin, Odéon-Théâtre de l'Europe à Paris du 3 au 6 juillet).

Une date (le 4 juillet, en première partie de Lucky Peterson, guitare/orgue) sera consacrée à la sortie de l'album de la vocaliste, « UrbAfrika » (Jazzbook Records/Jazz Family), qui marque un retour aux sources organiques. Assistée d'un quintette performant, plus quelques invités, Mina, à travers des compositions personnelles (11en tout), fait revivre ses racines, tout en les mélangeant aux nouvelles sources plus urbaines. Une sorte de fusion jazz/pop/world très entraînante.

Un siècle d'Ella

Mère de toutes les chanteuses, Ella Fitzgerald (décédée en 1996) aurait eu cent ans le 25 avril. Comme Dizzy Gillespie, Thelonious Monk et Buddy Rich, dont on célèbre cette année les centenaires. Afin de se remémorer la diva du jazz vocal, un coffret de 5 CD, « The 100 Greatest Hits of Ella Fitzgerald » (Wagram Music), vient de sortir. Cette compilation, réalisée par le journaliste Lionel Eskenazi, plonge dans la période la plus créative de la grande dame, entre 1945 et 1962. La First Lady of Jazz est alors au sommet d'une carrière commencée en 1935 dans l'orchestre du batteur Chick Webb. Quatre des CD explorent à la fois l'univers des standards si chers aux jazzmen, le fameux « American songbook », autrement dit le répertoire, notamment de Broadway, et le tandem historique qu'elle avait formé avec Louis Armstrong. Le dernier CD est consacré à plusieurs concerts mémorables donnés à Berlin, Rome, Chicago ou Los Angeles. Ou la redécouverte (si nécessaire !) d'une voix unique et exceptionnelle, qui avait su dépasser le monde du jazz pour devenir musicalement universelle.

Didier Pennequin

Source : Le Quotidien du médecin: 9575