Électrique ou acoustique

Aux sons des guitares

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Publié le 14/03/2016
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JAZZ-FOX TRIO

JAZZ-FOX TRIO
Crédit photo : É. GARAULT

Jazz-Bill Frisell

Jazz-Bill Frisell
Crédit photo : M. FRISELL

Que peuvent avoir en commun l’égérie du rock et des Rolling Stones Marianne Faithfull, Elvis Costello, Suzanne Vega, l'ancien batteur du groupe Cream Ginger Baker, les réalisateurs Gus Van Sant et Wim Wenders, Brian Eno et Bono (de U2) et les jazzmen Jan Garbarek, David Sanborn et Paul Motian ? D’avoir fait appel aux talents musicaux de Bill Frisell. Guitariste tout terrain recherché et adulé, mentor, comme ses amis adeptes de la six-cordes Pat Metheny et John Scofield, il a toujours su diversifier et choisir ses concepts créatifs, en jouant aussi bien de la guitare électrique qu’acoustique, voire du banjo. Et en mélangeant les styles, comme le prouvent ses multiples collaborations et son impressionnante discographie.

Discographie qui vient de s’enrichir avec « When You Wish Upon A Star » (Okeh/Sony Music). En compagnie notamment de la chanteuse à la voix claire et troublante Petra Haden, fille du regretté contrebassiste Charlie Haden, il explore, à sa manière très particulière, les bandes originales de plusieurs films et séries iconiques, comme « le Parrain », « Bonanza », « Il était une fois dans l’Ouest » et « Psycho ». En plus de chansons devenues légendaires comme « Moon River », immortalisée par Audrey Hepburn dans « Breakfast At Tiffany’s » (« Diamants sur canapé ») en 1961. Autant de thèmes archiconnus, ponctués par de nombreuses – et souvent courtes – interventions du leader, illuminées par un jeu délicat et subtil.

Nouvelle génération

Les enfants, voire petits-enfants, des guitaristes phares sont légion. Parmi ces « bébés Frisell/Metheny/Scofield », Pierre Perchaud. Musicien trentenaire, il s’est illustré pendant cinq ans au sein de l’Orchestre national de jazz (ONJ) du contrebassiste Daniel Yvinec, a notamment collaboré avec Michel Legrand, le tandem André Charlier (batterie, percussions) /Benoît Sourisse (piano, orgue) et la batteuse Anne Pacéo. Associé à un fidèle acolyte, le contrebassiste Nicolas Moreaux, il a invité Jorge Rossy, l’emblématique batteur catalan du premier trio du pianiste Brad Mehldau, figure essentielle de la scène jazz new-yorkaise depuis un quart de siècle, pour créer le trio Fox. Une rencontre bourrée de talents, qui a débouché sur l’enregistrement, grâce au financement participatif, d’un disque éponyme (Jazz & People/Harmonia Mundi). À l’exception d’une reprise de « And I Love Her » des Beatles, le répertoire rassemble des compositions originales des membres du groupe, interprétées dans une ambiance et une atmosphère discrètes, feutrées, pleines de sensibilité, qui permettent parfois à l’esprit de vagabonder vers d’autres horizons. Les trois musiciens présenteront leur projet au Duc des Lombards à Paris les 29 et 30 mars.

S’il y a un domaine dans lequel la guitare – surtout acoustique – est reine, c’est bien le jazz manouche. Et en matière de jazz manouche, Romane et Stochelo Rosenberg sont des experts. La réédition de « Double Jeu » (Frémeaux & Associés), paru à l’origine en 2004, est une fête des cordes, avec des compositions des deux leaders qui sont remarquables d’inventivité, de swing, de tempos rapides, de climats divers et d’improvisations virevoltantes et inspirées. Avec aussi une superbe reprise de « Blue Rondo à la Turk » de Dave Brubeck. Une belle réunion de splendides solistes au service du jazz manouche.

Didier Pennequin

Source : Le Quotidien du médecin: 9479