CINEMA - « The Master », de Paul Thomas Anderson

Au risque de se perdre

Publié le 17/01/2013
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Crédit photo : PH. BRAY

LE CINÉASTE de « Magnolia » et de « There will be blood » ne peut laisser indifférent. Surtout quand il s’attaque à des thèmes tels que l’emprise sectaire (le scénario s’inspire notamment de la naissance de l’église de scientologie de Ron Hubbard) et les bouleversements de l’après-guerre (selon Anderson « une période de foi aveugle en l’avenir » mais avec « le poids des atrocités de la guerre ») avec ses quêtes spirituelles.

C’est l’histoire d’un marin qui s’est battu dans le Pacifique et qui revient alcoolique et souvent violent. De sa rencontre avec « le Maître », meneur d’un mouvement appelé la Cause, une idéologie pseudo-scientifique qui utilise notamment l’hypnose. Et de leurs relations, sur des années, entre fascination et affrontement.

Des relations complexes, comme l’évolution du mouvement et son trajet vers le succès. La richesse du scénario n’a d’égale que celle des reconstitutions d’époque et l’on se perd autant dans les relations intimes des principaux personnages que dans les strates de la société américaine. C’en est parfois frustrant mais, le plus souvent, on se contente d’admirer l’ampleur de la mise en scène et surtout le travail des deux comédiens. Primés conjointement au festival de Venise, Joaquin Phoenix et Philip Seymour Hoffman figurent sur la liste des nominations aux oscars, le deuxième pour le meilleur acteur dans un second rôle. Vieilli, amaigri, tordu, torturé, Phoenix est impressionnant de souffrance et de folie pas toujours rentrée. Épanoui, séducteur, manipulateur, Hoffman occupe le terrain sans faiblesse.

R. C.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9210