CINEMA - « J’enrage de son absence », de Sandrine Bonnaire

Au-delà de la douleur

Publié le 31/10/2012
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RÉALISATRICE elle est désormais et restera. « Ce n’est plus de l’ordre du désir, dit-elle, c’est une forme de nécessité. » Cinq ans après « Elle s’appelle Sabine », le documentaire consacré à sa sœur autiste, – et 29 ans après ses débuts d’actrice dans « À nos amours », de Maurice Pialat – Sandrine Bonnaire signe un film ambitieux à la mise en scène discrète et sensible. Et d’une grande justesse psychologique.

Au départ, le souvenir d’un homme qui avait aimé sa mère et ne s’en était jamais remis. Mais l’amour impossible entre deux adultes ayant déjà été mille fois traité, la réalisatrice, qui signe le scénario avec Jérôme Tonnerre, a choisi d’évoquer l’amour le plus grand, selon elle, celui que l’on éprouve pour un enfant.

Après dix ans d’absence, Jacques, qui vit aux États-Unis, ressurgit dans la vie de Mado, mariée et mère de Paul, 7 ans. Jacques et Mado se sont aimés, ont eu un petit garçon, qui est mort. Jacques, qui n’a jamais fait le deuil de son fils, se prend alors d’affection pour Paul, avec lequel il noue une relation plus ou moins secrète, en tout cas à l’insu du père de l’enfant.

Pour faire vibrer ce quatuor en évitant les dialogues explicatifs, Sandrine Bonnaire dispose d’instruments de choix, ses acteurs. William Hurt, qui fut son compagnon et est le père de sa fille aînée, est, à son habitude, subtil et nuancé. Le film tourne autour de ce personnage silencieux dont on ne peut que partager la douleur, en même temps qu’on applaudit à une forme de renaissance. Alexandra Lamy est non moins émouvante. « Ricky », de François Ozon, avait déjà confirmé ses talents dramatiques. Le jeune Jalil Mehenni ne se laisse pas impressionner par les adultes et Augustin Legrand trouve un rôle à sa hauteur.

RENÉE CARTON

Source : Le Quotidien du Médecin: 9183