Chanteuses d’hier et d’aujourd’hui

Au bonheur des dames

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Publié le 10/10/2016
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Jazz-Kandace Springs

Jazz-Kandace Springs
Crédit photo : MATHIEU BITTON

Avec « Day Breaks » (Blue Note/Universal), Norah Jones revient à ses racines jazz, qui avaient été à l’origine du démarrage particulièrement brillant de sa carrière : l'album « Come Away With Me » (2002) a remporté 8 Grammy Awards et s’est vendu à plus de 11 millions d’exemplaires. La pianiste et chanteuse, aujourd'hui âgée de 37 ans et mère de deux enfants, s’était ensuite quelque peu égarée vers d’autres styles musicaux plus lucratifs.

Pour son retour au jazz, la jeune femme a fait appel à des légendes, comme le saxophoniste Wayne Shorter, l’organiste Dr Lonnie Smith, le contrebassiste John Patitucci et le batteur Brian Blade (tous deux membres réguliers du 4tet de Wayne Shorter). « Day Breaks » réunit 12 titres, dont neuf originaux, avec un véritable blues, « Carry On », et trois reprises, de Duke Ellington (« African Flower - Fleurette africaine », agrémenté d’un magnifique solo de W. Shorter), Horace Silver (« Peace ») et Neil Young (« Don’t Be Denied »).

En renouant surtout avec le jazz et le piano, fils rouges de ces enregistrements, Norah Jones rentre au bercail avec brio et élégance. Elle sera en concert le 11 novembre à Lyon, le 12 à Lille, le 15 à Paris (salle Pleyel), le 16 à Bordeaux et le 21 à nouveau à Paris (Olympia, Blue Note Festival).

Une révélation

Les « révélations » parmi les chanteuses sont légion. Beaucoup trop d’appelées et très peu d’élues. Un sort qui ne devrait pas toucher Kandace Springs. À 27 ans, la jeune femme, qui revendique clairement les influences d’aînées comme Billie Holiday, Roberta Flack, Nina Simone et… Norah Jones, vient de graver son nouveau disque, « Soul Eyes », pour un label prestigieux (Blues Note/Universal).

Celle qui a eu la chance d’être invitée – et encouragée – par Prince à se produire lors d’un concert pour le 30e anniversaire de la parution de « Purple Rain », se révèle une belle vocaliste et pianiste. Une instrumentiste qui explose sur scène, où elle peut affirmer son talent en toute liberté. Accompagnée sur son disque, entre autres, de Terence Blanchard (trompette) et Vinnie Colaiuta (batterie), Kandace Springs laisse entrevoir de grands espoirs et une belle créativité. À découvrir absolument en concert à Paris, le 16 novembre, au Jazz Club Etoile (Blue Note Festival).

La reine Shirley

Propulsée sur le devant de la scène à l’aube des années 1960 par Miles Davis, puis par Quincy Jones, Shirley Horn (1934-2005) a toujours privilégié le jeu pianistique (digne de mentors comme Erroll Garner, Oscar Peterson et Ahmad Jamal, autrement dit la vieille école) et les petites formations (trios), à ses talents vocaux, qui n'étaient pourtant pas sans rappeler ceux des crooners au masculin. Deux aspects essentiels de sa carrière qui se retrouvent dans « Shirley Horn Live At The 4 Queens » (Resonance Records/Socadisc), un CD exposant pour la première fois un concert donné en 1988 à Las Vegas. Accompagnée de son fidèle bassiste depuis vingt ans, Charles Ables, et du batteur Steve Williams, Mme Horn interprète d’une voix mielleuse et ensorceleuse, tout en raffinement, élégance, subtilité et chaleur, neuf standards, sublimés par un jeu de piano d’une rare émotion et non moins rare inventivité.

Didier Pennequin

Source : Le Quotidien du médecin: 9524