Allez les Bleus !

Amis depuis plus de trente ans, c'est au sein de la formation de Dee Dee Bridgewater, dans les années 1990, que Jacky Terrasson (piano) et Stéphane Belmondo (trompette/bugle) ont appris à mieux se connaître musicalement. Jusqu'à cette entente quasi fraternelle qui a conduit à la création d'un duo au début des années 2010. Des retrouvailles très concrètes qui ont débouché récemment sur l'enregistrement de « Mother » (Impulse/Universal), un magnifique album plein d'inventions.

Pour réaliser cette petite merveille, les deux solistes ont volontairement pris le chemin de la mélodie, tous styles confondus. Une démarche plutôt rare chez les jazzmen français. Outre leurs propres compositions (six sur 14 titres, dont le titre du CD, dédié à la mère du pianiste, décédée en juin dernier), ils ont invoqué les esprits de Charlie Haden, Dave Brubeck, et Stevie Wonder (« You are the Sunshine of my Life »). Sans oublier de rendre un hommage particulier aux grands créateurs hexagonaux, comme Stéphane Grappelli, Charles Trenet et Philippe Sarde/Jean-Loup Dabadie, à travers de surprenantes et splendides reprises, respectivement des « Valseuses », de « Que reste-t-il de nos amours ? » et de « la Chanson d'Hélène », tirée du film « les Choses de la vie ». Un disque d'une extrême sensibilité, finesse et délicatesse.

Compositions énergiques

Créé en 2013 par « les jumeaux du jazz », François (contrebasse) et Louis Moutin (batterie), le Moutin Factory Quintet est une usine musicale qui tourne à plein régime. D'autant que pour leur nouveau CD, « Deep » (Jazz Family/Socadisc), les deux frangins ont rappelé un ancien complice au jeu puissant et créatif, le pianiste Jean-Michel Pilc, un guitariste au jeu particulièrement électrique et mordant, Manu Codjia, et un saxophoniste-alto fougueux, Christophe Monniot. Les Moutin ont signé la quasi-totalité des compositions, souvent musclées et énergiques, rythmiquement et harmoniquement, à l'exception d'un pot-pourri consacré à Fats Waller, sur lequel leur duo contrebasse-batterie est jubilatoire. Un collectif généreux et complice. Le quintet sera en concert du 12 au 15 octobre au Sunside, à Paris, avant une tournée aux États-Unis, avec une date au célèbre Lincoln Center de New York (Dizzy's Coca-Cola Club, 18 octobre).

Dans son précédent album, « A Feast of Friends » (2015), le saxophoniste Samy Thiébault avait rendu un hommage appuyé à la musique des Doors et à leur charismatique leader, Jim Morrison. Aujourd'hui, l'instrumentiste (qui est également flûtiste), accompagné d'un groupe emmené par une rythmique fidèle et très soudée (Adrien Chicot, claviers, Sylvain Romano, contrebasse, Philippe Soirat, batterie) et dans lequel figure un invité de marque, le trompettiste israélien Avishai Cohen, explore de nouveaux horizons musicaux avec « Rebirth » (Gaya Production/Socadisc, parution le 30 septembre). Des horizons entre une influence classique, avec des emprunts à Moussorgski et à Ravel, et des évocations africaines. Avec de lyriques interventions du leader et de son passionnant invité. Ils seront au Duc des Lombards, à Paris, du 10 au 12 novembre.