« Le Bal des vampires » en comédie musicale

Allègre et cocasse

Publié le 23/10/2014
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Crédit photo : BRINKHOFF-MOEGENBURG

Théâtre

Si Paris découvre la version comédie musicale du « Bal des vampires », une grande partie de la planète a déjà fait un triomphe à des versions dans d’autres langues. Le film date de 1967. Vingt ans plus tard, on propose au cinéaste Roman Polanski une adaptation. Le réalisateur, qui jouait dans son film le jeune Alfred, aide du professeur, hésite un peu mais un processus très soigné s’engage. Il faudra dix ans pour que naisse à Vienne, en Autriche, et en langue allemande, « Tanz der Vampire » : le livret est écrit par un grand spécialiste du genre, Michael Kunze, la musique assez rock est de Jim Steinman et c’est Roman Polanski qui signe la mise en scène.

Depuis, de New York à Osaka, de Berlin à Saint-Pétersbourg en passant par Tokyo, Varsovie, Budapest, et tant d’autres villes, des centaines de milliers de spectateurs ont applaudi, dans des langues, des cultures différentes, cette comédie musicale parodique qui bénéficie d’un époustouflant décor mobile, de costumes, de lumières, de maquillages superbes. L’esthétique évoque à la fois les architectures d’Europe centrale et les rêves orientalistes. Les scènes se succèdent à un rythme effréné, de la petite auberge au grand château, en passant évidemment par le cimetière.

Dans la fosse, une dizaine de musiciens, sous la direction de Stan Cramer, et sur le plateau, des danseurs excellents dans des parties chorégraphiées avec beaucoup de fantaisie et de force. La troupe elle-même est remarquable. D’abord, on comprend parfaitement chacun ainsi que les parties chorales. Ensuite, les interprètes sont d’authentiques comédiens-chanteurs qui bougent très bien. Le décor, avec cette maison et son double escalier, exige de bons mollets et du souffle. Et puis tout va très vite !

Chacun s’empare de son personnage avec sincérité et malice. Du côté des vampires, le grand Stéphane Métro est un comte impressionnant ; son fils évaporé est joué avec humour par Sinan Bertrand et leur serviteur Koukol demande à Guillaume Geoffroy bien des acrobaties. La famille Chagal est épatante : maman Rebecca, c’est Solange Milhaud ; son mari, ce coquin de Yoine, a toute l’énergie insolente de Pierre Samuel, qui lance ses répliques cultes avec entrain ; leur fille, la jolie Sarah, fascinée par le danger, possède la grâce de Rafaëlle Cohen ; quant à Magda la servante, elle a la pulpe de Moniek Boersma.

Pour le couple qui donne le rythme, le professeur et son assistant, deux artistes rares. Dans le rôle d’Alfred, le très jeune Daniele Carta Mantiglia est irrésistible, très sûr dans le jeu et le chant, il a du charme. Le magnifique David Alexis incarne le professeur, ses délires et des aveuglements, avec beaucoup d’autorité et de légèreté à la fois. Il est d’une virtuosité magique : la scène de la bibliothèque entrera dans les annales du théâtre.

On peut trouver que la partition manque d’éclat, on peut regretter qu’il n’y ait pas beaucoup d’airs que l’on puisse retenir mais la production est à la fois somptueuse et très réussie dans l’esprit. Roman Polanski est là qui veille et surveille et dirige et sourit. Bravo !

Théâtre Mogador, du mardi au samedi à 20 heures, en matinée le samedi et le dimanche à 15 heures. Durée : 2 h 40, dont un entracte de vingt minutes. Tél. 01.53.33.45.30, www.baldesvampires.fr.

Armelle Héliot

Source : Le Quotidien du Médecin: 9359