Tandis que s’achève la Semaine d’art en Avignon, qui, reprenant le premier nom de la manifestation lancée par Jean Vilar en 1947, est une réponse fertile à l’annulation de juillet dernier, le théâtre prouve partout qu’il peut compter sur le public. Avignon a affiché complet, malgré le couvre-feu, et des spectacles que l’on verra bientôt, ailleurs en France, s’y sont affirmés.
À Paris, cependant, les horaires ont été adaptés et certaines grandes salles ne jouent qu’en fin de semaine, ce qui accentuera les désastres financiers.
Au Tristan-Bernard, Fabrice Drouelle, journaliste, écrivain et comédien que l’on a déjà eu l’occasion d’applaudir en scène, propose une adaptation de son émission « Affaires sensibles » (1). De dossiers mystérieux, de faits-divers saisissants, de personnalités étranges, il fait son miel au micro.
Pour cette version théâtralisée, écrite à plusieurs mains, dans un dispositif simple et une mise en scène par Éric Théobald, Fabrice Drouelle et une comédienne très douée et sensible, Clémence Thioly. Ils évoquent les vies de Pauline Dubuisson, « amoureuse et transgressive », Marie Humbert, « courageuse et déchirée », Édith Cresson, « indépendante et anticonformiste ». On passe un très bon moment, fraternel et chaleureux.
Destins
Au Lucernaire, le très fin Bruno Abraham-Kremer nous offre une plongée dans les pensées et les combats, artistiques, amoureux, de Nicolas de Staël. Avec Corine Juresco, le comédien s’est inspiré des lettres publiées (années 1926-1955), et plus particulièrement de la correspondance du peintre avec René Char (1951-1954), pour composer « Nicolas de Staël - La fureur de peindre » (2).
Dans une scénographie discrète et efficace, avec ses lumières et ses visuels d’Arno Veyrat, l’interprète est accompagné d’Hubertus Biermann, forte personnalité à la contrebasse, et de Jean-Baptiste Favory, virtuose de l’électro acoustique. C’est très réussi, sobre et bouleversant à la fois.
Autre destin, celui imaginé par Léonor de Récondo dans son roman « Point cardinal » (3), publié en 2017 (Sabine Wespieser). Un homme, marié, père, au travail, souffre d’un profond malaise : il se sent femme, il sait qu’il est femme. Sébastien Desjours, comédien au beau parcours, a adapté et incarne cet homme. Tout ici, scénographie, lumières, costumes, son, jeu, se donne sous des couleurs de douceur qui atténuent la tragédie. Un chemin de soi qui n’est plus exceptionnel, mais un comédien qui touche profondément.
(1) Théâtre Tristan-Bernard, du lundi au mercredi à 18 h 45 et le dimanche à 16 heures, puis 15 h 30 en novembre. Durée 1 h 15. Tél. 01.45.22.08.40, theatretristanbernard.fr (2) Lucernaire, du mardi au samedi à 19 heures et le dimanche à 16 heures. Durée 1 h 15. Tél. 01.45.44.57.34, lucernaire.fr (3) Théâtre de Belleville, du mercredi au samedi à 19 heures. Le dimanche à 15 heures en octobre, 14 h 30 en novembre. Durée 1 h 05. Tél. 01.48.06.72.34, theatredebelleville.com
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