C’est à la fois l’urgence et le serpent de mer de notre État-providence. Alors que plus de deux millions de nos concitoyens sont aujourd’hui dépendants, leur nombre devant presque doubler en 2050, la nécessité d’une grande loi autonomie ne se discute pas. Depuis 30 ans, ce souci s’est imposé dans les plateformes politiques. Et cependant, la plupart des gouvernements, ces dernières années, ont calé sur cette réforme du grand âge après avoir claironné qu’ils seraient les premiers à s’atteler vraiment à ce vaste chantier.
En 1995, Chirac avait fait de la « prestation autonomie » l’un des axes phares de son programme pour résoudre la fameuse « fracture sociale ». Moins de six mois après son arrivée à l’Élysée, il congédie pourtant Colette Codaccioni, alors « ministre des Solidarités entre les générations » (tout un programme !). Et le plan Juppé se chargera ensuite d’enterrer le projet… Ce quinquennat accouchera finalement d’une prestation spécifique dépendance (PSD), très en deçà des promesses de la majorité d’alors et des attentes du secteur.
Quelques années plus tard, Sarkozy pousse à son tour la même chansonnette. On allait voir ce qu'on allait voir. Il serait le premier à mettre en place un « cinquième risque » afin de prendre en charge les plus mal en point de nos aînés. La mission échoit à l’époque à Roselyne Bachelot, exfiltrée fin 2010 du ministère de la Santé pour prendre en charge un « ministère des Solidarités » tout entier dédié à cette grande réforme sociale du quinquennat. Las ! Les développements de la crise des subprimes ayant eu raison des budgets sociaux, l’opération est abandonnée.
Jamais deux sans trois ? Voilà à son tour Macron confronté à un dilemme du même ordre. D'abord, ça tombe mal. En cette fin de quinquennat, le calendrier législatif est embouteillé comme jamais, la plupart des textes majeurs ayant fait du surplace pendant la crise. Ensuite, le déficit se creuse. Pas plus que ses prédécesseurs, l’actuel président n’a un sou en poche pour financer sa réforme de l’autonomie. Mais l’argent n’est pas cher. Et surtout, comme le souligne dans ces colonnes Virginie Magnant, directrice de la CNSA (Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie), la crise du Covid a braqué les projecteurs sur les besoins criants du secteur avec des résidents malmenés, des personnels épuisés et des EHPAD en déshérence. Même si le président n’a pas encore donné son feu vert, on peut donc espérer qu’il y aura cet automne un train de mesures législatives pour donner corps à ce « nouveau risque » que le gouvernement a d'ailleurs déjà créé l’été dernier en confiant sa gestion à la CNSA. Après l’allongement du congé paternité, cette « loi pour les générations solidaires » aurait également le mérite de faire passer la pilule, alors que le gouvernement compte aussi mener à bien la refonte de l’assurance chômage et celle des retraites, deux dossiers beaucoup moins consensuels… Mais dans le contexte actuel, les moyens nécessaires seront-ils vraiment au rendez-vous ?
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