Ce rendez-vous rythme la vie de la profession depuis plus de 25 ans. Mais en pleine crise du Covid, la campagne aux URPS, animée ces derniers jours par les polémiques sur la vaccination, paraît pour le reste assez discrète. Comme si l’exercice normal de la démocratie était un luxe pour temps ordinaires… L’enjeu de ce scrutin qui aura lieu dans moins de trois semaines est pourtant majeur pour l'après.
S'agissant des organisations de médecins libéraux, d’abord, ce sera évidemment l'occasion de mesurer leur influence. Comme tous les cinq ans, dira-t-on. Sauf que cette fois, quelque chose d’existentiel se joue. Avec plusieurs batailles dans un même vote : structures historiques contre nouveaux venus, syndicats contractuels face aux contestataires, centrales poly- versus monocatégorielles ; et le conflit de générations s'invite aussi dans les urnes, quelques listes juniors venant perturber le jeu habituel. À l’issue du dépouillement, plusieurs signaux seront à surveiller. On pense d'abord à la CSMF qui, 35 ans après la création de MG France, subit une deuxième crise interne avec le départ d’une partie de ses spécialistes. Ensuite, pour l’UFML, Avenir Spé ou Jeunes médecins qui concourent pour la première fois, ce sera l’occasion de vérifier si la chance sourit vraiment aux audacieux. Et pour les autres – MG France, FMF, SML, Le BLOC, Union Collégiale — déjà bien connus des médecins, il s’agira, soit de confirmer un leadership, soit de tirer son épingle du jeu malgré cette concurrence accrue…
Du côté de l’avenue de Ségur, on suivra ces joutes avec intérêt. Attente mêlée d’une pointe d’inquiétude ; et peut-être plus qu'à l’accoutumée. Car, moins de deux ans après les élections chez les PH, et presque un an avant la présidentielle, cette élection professionnelle sera un indicateur de l’état d’esprit du corps médical libéral, et indirectement de son attitude vis-à-vis du pouvoir macronien. Des médecins de ville qu’il vaut mieux compter comme partenaires que comme adversaires, a fortiori dans le contexte politico-sanitaire actuel.
Enfin, l’Assurance-maladie attend les résultats avec impatience. De guerre lasse, son patron Thomas Fatôme a suspendu les pourparlers avec les libéraux en décembre. Il attend de savoir s’il est possible de les reprendre et si oui, dans quel sens. Le processus électoral désignera ses interlocuteurs privilégiés, car les scores de chacun ont une incidence sur leur capacité de négociation respective. Sur ces bases, un nouvel avenant pourrait être signé avant l’été incluant les soins non programmés, la télémédecine et les visites. Au-delà, il faudra bâtir une nouvelle convention. Mais c'est une autre histoire, l’actuelle devant jouer les prolongations jusqu’en… 2023 ! C'est peut-être d'ailleurs faute de conséquences immédiates que la campagne ronronne un peu.
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