« Vivre et travailler à Châteauneuf fut une expérience enrichissante, dans un cadre agréable, champêtre et dynamique. J'y aurai exercé pleinement un métier de médecin de famille, à l’ancienne, et je laisse derrière moi une patientèle pérenne et rentable, reprenable immédiatement. »
Le Dr Michel Bonnaud, 63 ans, diplômé de la fac de Limoges, ne regrette pas d’avoir déposé, un jour de 1985, sa trousse à Châteauneuf-la-Forêt, bourgade du sud de la Haute-Vienne d'environ 1 500 âmes. À quelques semaines d’une retraite méritée, il dresse le bilan d’une activité très soutenue, fort d’un fichier patients de 1 500 noms répartis ce vaste territoire rural. Avec environ 40 actes quotidiens dont 15 % de visites à domicile, le généraliste témoigne de la richesse de sa pratique. « Il faut être pédiatre et gérontologue, gynéco et psychiatre, explique t-il, car tout le panel de la médecine est représenté – du nouveau né au grabataire ! Ici, le docteur est un soignant mais aussi un confident, détenteur des grands et petits secrets de famille, ce qui n’exclut pas l’exercice moderne de son métier, soutenu par d’autres professionnels locaux. »
Comme dans nombre de territoires ruraux où la démographie médicale est fragile, son prochain départ vers d’autres cieux tourne au casse-tête : il n’y aura plus de généraliste à Châteauneuf et pour l’instant nul successeur en vue. Le Dr Bonnaud est le dernier représentant d’Hippocrate dans un village qui en comptait encore trois il y a trois ans, mais ne parvient pas à en attirer aujourd’hui, malgré les efforts de la municipalité.
Outils
« Nous avons tiré des sonnettes d'alarme chez tout le monde, confie la maire Françoise Rivet, kiné de métier officiant sur place. Nous avons passé des annonces, sollicité l’agence régionale de santé, l’Ordre, les pouvoirs publics, les élus, en soulignant la désertification médicale qui nous guette mais aussi nos nombreux atouts. » De fait, la commune abrite un cabinet médical, une pharmacie, un dentiste, des infirmiers, tous installés depuis des années. Une école maternelle, primaire, une garderie périscolaire, un collège, un EHPAD complètent le tableau.
Loin de baisser les bras, l'édile joue la carte de la qualité de vie. « Nous avons de quoi nous distraire, une belle bibliothèque, des équipements sportifs, un plan d’eau, une communauté de communes dynamique, des commerces et Limoges est à une petite demi-heure par la route ! En fait, ce n’est pas un généraliste qu’il nous faut, mais plutôt deux… Et notre foncier garantit au postulant de trouver à petit prix une location, un achat de maison ou d’appartement. »
Insistant sur la rentabilité de son exercice, l’actuel médecin titulaire se déclare prêt à une transition douce avec son successeur. Mais Châteauneuf, comme un nombre croissant de bourgs similaires, attend son généraliste avec impatience.
Suspension de l’interne de Tours condamné pour agressions sexuelles : décision fin novembre
À Clermont-Ferrand, un internat où « tout part en ruine »
« Pour la coupe du monde, un ami a proposé quatre fois le prix » : le petit business de la revente de gardes
Temps de travail des internes : le gouvernement rappelle à l’ordre les CHU