LE QUOTIDIEN – L’USPO propose d’accueillir dans les lieux de confidentialité des officines les patients qui ont besoin d’une téléconsultation avec leur médecin. Comment voyez-vous la chose ?
GILLES BONNEFOND – C’est un projet de coopération entre professionnels de santé dans le cadre du suivi des patients chroniques. Quand le pharmacien constate qu’un le patient ne va pas bien, qu’il a un problème avec un médicament, et si cette situation lui semble nécessiter un avis médical, il met à sa disposition une cabine isolée et équipée pour le placer en situation de téléconsultation avec son médecin traitant. Une fois que le médecin a pris sa décision, il prévient le pharmacien d’une éventuelle adaptation de posologie ou d’un nouveau traitement. Cela permettrait d’agir beaucoup plus vite en évitant un délai d’attente, et cela rendrait la vie des patients beaucoup plus facile. Il semble important que cet équipement soit abrité dans un lieu dédié à la santé.
Vous évoquez là une situation de suivi de patients atteints de pathologies chroniques. Ne peut-on imaginer d’aller plus loin et de réaliser de véritables téléconsultations ?
Oui bien sûr, dans une situation d’urgence par exemple pour laquelle l’officine peut accueillir un patient et le mettre en relation à distance avec son médecin pour savoir où l’orienter, ou bien s’il faut procéder à des examens. L’idée est de renforcer le couple médecin-pharmacien pour qu’il fonctionne avec plus de facilité, avec traçabilité des décisions.
Avez-vous déjà parlé de ce projet aux syndicats médicaux ?
Ce projet est très nouveau et il effraye plus qu’il ne rassure. Mais on doit pouvoir faciliter et protocoliser notre relation. Et puis s’il est nécessaire de procéder à une prise de tension ou un autre examen de ce type, il faut que cela puisse se faire sur place pour aider le médecin à distance à prendre la bonne décision. Les médecins ont un peu tendance à craindre cette relation, mais ce projet à tout pour faciliter leur travail. Ca va bien sûr nécessiter une organisation avec paiement de la téléconsultation pour le médecin.
Et comment se rémunère le pharmacien ?
Le pharmacien ne réalise pas à proprement parler un acte, il met à disposition du patient un dispositif qui lui permet d’entrer en contact avec son médecin. Si on se trouve dans le cadre d’un protocole et que le pharmacien a détecté un problème, on peut envisager une rémunération dans le cadre de ces protocoles qu’il faudra construire et négocier avec les agences régionales de santé.
Ce projet fait-il partie des thèmes que vous allez développer durant la campagne pour les URPS ?
Tout à fait. Il est important que les médecins généralistes et les pharmaciens d’officine s’accaparent ce type d’outils parce qu’ils sont en train de fleurir dans les services hospitaliers qui font le suivi des patients à domicile en court-circuitant le médecin généraliste et le pharmacien. Il ne faudrait pas que nos deux professions se retrouvent exclues de ces outils de télémédecine et de télésanté. Nous n’avons pas besoin de faire de téléconsultation puisque nous sommes déjà en contact avec les patients. Mais nous pouvons mettre à la disposition des médecins cet outil. C’est juste une stratégie de complémentarité et de gain de temps, pour le patient comme pour le médecin.
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