Après le gros couac logistique autour de l’approvisionnement des vaccins AstraZeneca la semaine dernière, la suspension « par précaution » du vaccin AZ par Emmanuel Macron – dans l’attente de l’avis ce jeudi de l’Agence européenne des médicaments – a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.
Selon le syndicat MG France, les médecins généralistes se sentent « mal traités et mal reconnus » depuis le début de cette séquence vaccinale jugée peu lisible. « Le ministère a sous estimé les engagements et la motivation des médecins généralistes autour de la vaccination pour convaincre la population et aller vers ceux qui sont les plus vulnérables », explique le Dr Jacques Battistoni, président du syndicat.
Alors que 41 000 généralistes se sont portés volontaires pour commander des doses, les approvisionnements ne sont pas suffisants pour accélérer les injections. « Il y a moins de 300 000 doses sur les deux semaines en dehors de la suspension. C’est moins d’un flacon par médecin ! Sur les deux semaines à venir, on sera en capacité de vacciner 5 personnes par semaine, c’est très très peu. Nous sommes dans une situation de pénurie. Il est logique de prioriser les patients fragiles », ajoute le médecin normand.
Approvisionnement aléatoire
Pour étayer ses propos critiques, le syndicat a dévoilé ce jeudi une enquête réalisée auprès de 40 000 généralistes. Sur les 2 492 réponses traitées, 96 % des généralistes déclarent vacciner dans leurs cabinets et 38 % vaccinent en centre de vaccination.
Réalisée une première fois avant le 8 mars – lorsque les médecins ont appris qu’ils n’auraient pas, provisoirement, de livraison de doses au profit des pharmaciens – puis une autre après cette date, l’enquête révèle que les difficultés d’approvisionnement et de logistique ont été une réalité vécue par 37 % des praticiens avant le 8 mars puis par 76 % après cette date !
Selon MG France, cette « pénurie » touche aussi « les pharmaciens, qui ne vont recevoir qu’un flacon par officine pour tout le mois de mars »… Face « aux injonctions paradoxales » du gouvernement – accélérer puis stopper la vaccination – MG France appelle de ses vœux une stratégie vaccinale qui « comprend mieux la réalité du terrain » et « donne la possibilité aux généralistes d’exercer pleinement leur métier ».
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