Une « pratique illégale de la médecine par les IPA » ? Le SML interpelle l'Ordre sur les propositions de Stéphanie Rist

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Publié le 22/12/2022

Crédit photo : S. Toubon

À quelques semaines de l’examen de la proposition de loi de Stéphanie Rist, qui souhaite élargir les compétences des infirmières en pratique avancée (IPA), le Syndicat des médecins libéraux (SML) s’interroge sur ce texte et un potentiel exercice illégal de la médecine.

Dans une lettre ouverte diffusée lundi, le syndicat polycatégoriel interpelle le président de l’Ordre et « aimerait connaître sa position » sur la montée en compétences des IPA proposée par la députée du Loiret. Car, si le texte est voté, « il s’agirait là d’un exercice illégal de la médecine caractérisé », affirme le SML.

Accès direct, primoprescription…

Rédigé à l’automne, le texte conçu par la rhumatologue LREM souhaite offrir un accès direct aux IPA, dans le cadre d’un exercice coordonné, « pour que les patients puissent se rendre directement chez ces professionnels sans passer en amont par un médecin ».

Le texte entend également ouvrir un droit de primoprescription aux IPA, tout en créant un nouveau statut « d’infirmier en pratique avancée praticien ». Des « super IPA » qui pourront ainsi « intervenir en première ligne » sur des pathologies courantes « identifiées comme bénignes », justifie Stéphanie Rist.

La pilule a du mal à passer pour le SML, qui rappelle que « l’exercice illégal de la médecine prévu par le Code de la santé publique est constitué lorsqu’une personne non titulaire d’un diplôme médical établit un diagnostic et/ou préconise ou applique un traitement ». Avec ces nouvelles missions, « il s’agirait donc bien dans ce cas de professionnels de la santé (infirmiers) qui dépassent les limites de leurs compétences et activités et pratiquent des actes réservés aux médecins », affirme le SML.

« Décloisonner le système de santé »

Le syndicat attend désormais une position officielle de François Arnault, qui avait lui-même fait un geste d’ouverture en octobre, dans le cadre d’un accord des Ordres réunis autour du Clio. Le SML se dit « très attentif » à l’examen du texte et à son cadre juridique.

La proposition de loi Rist sera examinée à partir du 10 janvier à la commission des Affaires sociales de l’Assemblée. Déjà, la rhumatologue, accompagnée des députés de la majorité, a posé une ambition claire : « décloisonner le système de santé », en avançant « sur un repositionnement des professionnels » pour améliorer l’accès aux soins.

« Braderie de nos compétences médicales »

Dès lundi prochain, le SML - accompagné de la Fédération des médecins de France (FMF) ou encore de l’Union française pour une médecine libre (UFML) - appelle à une grève reconductible des libéraux. Un mouvement en soutien du collectif « Médecins pour demain », qui prône la revalorisation des consultations, mais s’inquiète également des délégations des tâches. « Une braderie de nos compétences médicales », dénonce le SML.

« C’est une menace terrible qui pèse sur l’organisation des soins, avec la volonté de faire de la médecine sans médecin, déplorait hier la Dr Sophie Bauer, lors d’une conférence de presse organisée par le collectif de 15 000 médecins. C’est une lubie née dans l’esprit de quelques administratifs complètement ignorants du système de santé libéral. »

« Nous ne voulons pas d’un exercice médical parcellaire », a abondé le Dr Jérôme Marty, président de l’UFML, qui souhaite plutôt « travailler avec les IPA sous la responsabilité du médecin ». « Les choses proposées tiennent plutôt du pis-aller, du bricolage, que d’une vraie politique de santé », regrette encore le généraliste.

Face à la fermeture des cabinets, le SML en a d'ailleurs profité pour envoyer un conseil plein d’ironie aux autres soignants. Pendant cette semaine de grève, « libre aux professions non compétentes en médecine, qui entendent remplacer les médecins, d’en profiter pour faire leur galop d’essai », raille le syndicat.


Source : lequotidiendumedecin.fr