35 % des médecins français déclarent avoir subi une diminution de leur rémunération en 2020 par rapport à l'année précédente et 7 % des répondants mentionnent même une perte dépassant le quart de leur revenu : c'est ce qui ressort d'une enquête déclarative réalisée par le site Medscape auprès de 979 médecins libéraux et hospitaliers* exerçant à temps plein.
Sans surprise, ce sont les praticiens libéraux qui disent majoritairement avoir été affectés par une baisse de rémunération (61 % contre 18 % des hospitaliers). Parmi les médecins qui ont subi une diminution de revenus, 19 % rapportent en moyenne « 2,3 mois sans aucune rémunération ».
Réduction forcée d'activité, révision des plages horaires, réorganisation des cabinets, achats de matériel de protection, mais aussi arrêts maladie… : cette mauvaise fortune est massivement attribuée à la pandémie elle-même (87 %). Mais 21 % évoquent d'autres facteurs comme l'augmentation des charges professionnelles. À l’inverse, les 16 % de médecins qui ont vu leurs revenus augmenter en 2020 expliquent cette situation par la croissance des gardes et astreintes.
Rémunération insuffisante au regard des missions
Selon cette étude en ligne, le revenu annuel moyen imposable des praticiens interrogés (tous modes d'exercice) s'établissait à 80 000 euros. Or, pour les trois quarts des sondés, cette rémunération est « insuffisante » au regard du travail fourni et des missions assumées. Un jugement critique qui ne date pas d'hier mais que les primes Covid et les revalorisations du Ségur (pour les hospitaliers) n'ont pas permis d'atténuer, pas davantage que les mesures compensatoires (sur les charges) pour les libéraux. Plusieurs témoignages ont souligné le sous-paiement spécifique de la permanence des soins.
Par ailleurs, 47 % des praticiens ayant répondu ont constaté une baisse de leur pouvoir d'achat en 2020 qui affecte, là encore, davantage les libéraux que les hospitaliers (60 % vs 41 %), et davantage les généralistes que leurs confrères des autres spécialités (57 % vs 45 %). Le retour à la normale est-il envisagé ? Seuls 39 % des médecins estiment pouvoir retrouver leur niveau de revenus « dès l'année prochaine », la même proportion envisage cette hypothèse « dans les deux ou trois ans » mais 16 % « jamais ».
Une pratique bousculée
Côté exercice et organisation, l'enquête confirme plusieurs changements : la baisse variable de patientèle, la réduction des heures de travail en lien avec certaines périodes de confinement (19 % des sondés mais plus du quart des généralistes) ou encore le temps partiel (pour soi ou le personnel) et certains congés subis (10 %).
S'agissant de la téléconsultation, 47 % des praticiens ont déclaré l'avoir pratiqué (au moins une fois) en 2020. La majorité des praticiens (61%) ayant eu recours à ces consultations à distance se déclarent satisfaits de leur expérience. Un tiers des médecins ont en recours à des plateformes de rendez-vous en ligne en 2020. Les plus enclins sont les médecins libéraux (48% contre 22% des hospitaliers).
La vocation médicale peu remise en cause
Concernant leurs conditions de travail, les praticiens ont relevé une moyenne de 53 heures par semaine en cette période de crise sanitaire. A ce temps médical s'ajoute une moyenne de 12 heures hebdomadaires non attribuables aux consultations/visites ― tâches administratives ou de gestion, participation à des organisations professionnelles, recherche, enseignement, etc.
Si c'était à refaire ? Presque trois médecins sur dix interrogés à l'hiver 2020 déclarent qu’ils ne choisiraient plus la carrière médicale. Mais la grande majorité (71 %) se dirigerait non seulement vers le même métier mais vers la même spécialité. En revanche le lieu de pratique est moins plébiscité : seul le quart des médecins déclarent qu'ils exerceraient au même endroit…
* Sondage en ligne réalisé entre le 11 novembre 2020 et le 15 mars 2021. La moitié des 979 praticiens répondants exercent à l'hôpital et 57 % sont salariés. 23 % des sondés sont des médecins généralistes. 68 % sont des hommes et 22 % exercent en Île-de-France.
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