La problématique de l'insécurité chez SOS Médecins prend de l'ampleur. À tel point que les différentes associations du territoire, réunies en congrès à Saint-Malo jusqu'à ce soir, ont évoqué ce thème lors de leur assemblée générale ce jeudi 9 juin – aux côtés d'autres sujets comme la revalorisation de la visite ou le service d'accès aux soins (SAS).
Cette discussion au niveau national intervient dans un contexte marqué par des violences envers les praticiens. Une agression a eu lieu en début de semaine à Saint-Quentin (Aisne), sur le site de consultations où une généraliste de la structure a été agressée physiquement et verbalement – avec notamment des menaces de mort – par une patiente à qui elle avait demandé de porter un masque. Quelques jours plus tôt, ce sont deux agressions rapprochées de praticiens de SOS Médecins qui ont eu lieu à Pau (Pyrénées-Atlantiques), sur fond d'alcool et de violences conjugales, lors de visites à domicile.
Cette « recrudescence » d'actes violents envers des confrères provoque une certaine « lassitude » dans les rangs de SOS Médecins, indique le Dr Jean-Christophe Masseron, son président, qui a également évoqué le sujet dans son allocution d'ouverture du congrès. « Cela génère de la frustration, voire de la colère chez certains confrères. On essaie de faire notre travail avec passion, mais certains ne se sentent plus en sécurité, note le généraliste. Cette agressivité peut mettre en danger la poursuite du service dans certains endroits et fait baisser l'attractivité de notre métier. »
Un refus souvent déclencheur
Dans la presse locale, le responsable de la structure de Saint-Quentin souligne ainsi « une première [agression] de ce type en bientôt dix ans » et dit ressentir « un changement d’attitude des patients vis-à-vis des médecins » depuis la fin du Covid. « Le confinement a été bizarre, les gens étaient assez compréhensifs, très avenants avec nous. Mais maintenant, les gens ne supportent plus l’attente, ils sont énervés, il faut que tout aille très vite », remarque le médecin dans « L'Aisne nouvelle ».
Et en visite à domicile, les généralistes sont encore plus exposés. « Dans la plupart des cas, on intervient seul, rappelle le Dr Masseron au « Quotidien ». Parfois on reçoit des appels et on peut deviner un contexte violent, mais parfois on est surpris, cela peut mal tourner sans que ce soit "prévu". Dans de nombreux cas, le déclencheur est souvent un refus du médecin d'accéder à telle ou telle demande. »
Le président de SOS encourage donc ses confrères à déclarer les agressions « pour mieux les quantifier » mais aussi « pour qu’il y ait des condamnations » si nécessaire. « C’est également important de sensibiliser la population au respect du travail des soignants, qui bien souvent font leur maximum », estime-t-il.
Réponse pénale forte
Face à ces situations parfois difficiles à gérer, SOS Médecins a engagé un travail avec le ministère de l'Intérieur (et les directions départementales de la sécurité publique) pour « sécuriser les interventions, dans les cas où on peut suspecter un risque de violence ». « Localement, nous avons des partenariats efficaces avec les forces de l'ordre, mais ce n'est pas généralisé et très dépendant du territoire. On cherche une procédure à dupliquer au niveau national », précise Jean-Christophe Masseron. L'idée serait, lors d'une agression, de pouvoir entrer directement en contact avec la gendarmerie ou la police.
Dans les lieux de consultations, la fédération incite à sécuriser les locaux si nécessaire avec des zones d'attente fermées ou l'installation de caméras. « Ce n'est pas la panacée, reconnaît le Dr Masseron. Certaines associations embauchent des vigiles la nuit, mais cela coûte cher. »
Enfin, ce travail avec le ministère porte aussi sur une réponse pénale « forte et exemplaire », notamment dans le cas d'agresseurs récidivistes – le fait d'agresser une personne chargée d'une mission de service public étant par ailleurs une circonstance aggravante.
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