Des médecins généralistes volontaires – en activité ou retraités – recrutés dans un rayon de 65 kilomètres pour assurer en alternance, un jour par semaine, des consultations : c’est ainsi que fonctionne le cabinet éphémère qui a ouvert ses portes en octobre à Pontarlier. Unique en France, l’expérimentation, coordonnée par l’URPS « médecins libéraux », est financée par l’agence régionale de santé (ARS) et par la commune. Un accord a été trouvé avec la Sécu pour le remboursement sans pénalités des patients.
« En 18 mois, la situation s’est dégradée très rapidement avec le départ de neuf médecins », explique Patrick Genre, maire de Pontarlier. Du coup, la commune a été contrainte de s’emparer d’un sujet qui, dans cette ville moyenne (18 500 habitants), a rapidement pris de l’ampleur.
Répondre à l'urgence
Avec l’appui de l’ARS Bourgogne Franche-Comté, de l’URPS, de l’Ordre des médecins et de la caisse primaire, la mairie a planché sur une solution inédite, « un cabinet qui fonctionnerait avec des vacataires », détaille l'édile. C’est ainsi qu’est né le « cabinet éphémère » qui, depuis le 2 octobre, accueille les patients de la commune qui sont sans médecin traitant. Ce local est installé dans les locaux d’un ancien cabinet médical qui, après sa fermeture, a été racheté par la ville pour un montant de 385 000 euros (matériel compris).
Dans ce cabinet éphémère interviennent cinq généralistes – venus de tout le département – qui, à tour de rôle, assurent les consultations cinq jours par semaine. C’est l’Ordre qui a lancé l’appel à candidatures pour recruter des volontaires parmi les jeunes retraités (moins de deux ans) et les médecins en activité « sur une zone elle-même non déficitaire », précise le Dr Stéphane Attal, élu à l’URPS (Les Généralistes-CSMF), lui-même inscrit dans ce dispositif.
Garantie de revenus
L’Ordre a accordé une dérogation pour permettre aux médecins de se faire remplacer dans leur cabinet principal. Avec l’accord de la CPAM, les consultations sont facturées dans le cadre du parcours de soins d’urgence afin d’éviter toute pénalité financière aux patients. « J’aurais aimé que la négociation permette aussi de reconnaître les médecins du cabinet éphémère comme médecin traitant, précise le Dr Attal. Ce n’est pas le cas ». Conséquence, en cas d'orientation vers un spécialiste, les patients sont moins remboursés puisqu'ils ne peuvent se prévaloir d’un médecin traitant.
L'ARS a mobilisé une enveloppe de 45 000 euros qui s’ajoute au budget mobilisé par la ville pour régler les factures de chauffage, d’électricité et d’eau. Cette enveloppe permet de financer tous les autres frais afin que l’opération soit blanche pour les généralistes impliqués : frais de déplacement, logiciel métier, abonnement à un agenda pour la prise de rendez-vous, consommables… L'aide de l'ARS permet surtout de financer une garantie de revenu correspondant à 24 consultations par jour. En cas de moindre fréquentation uniquement, l’ARS assure la compensation financière.
Près de 50 patients par jour
Mais au regard du succès de cette opération, il est probable que l'enveloppe ne soit pas entièrement consommée. « Nous réalisons entre 40 et 50 consultations par jour ce qui représente 1 100 consultations sur le premier mois d’activité », se réjouit le Dr Stéphane Attal. « Il faut plus de huit jours pour obtenir un rendez-vous », ajoute le maire qui envisage déjà de créer une deuxième consultation éphémère simultanée. Un sixième médecin doit renforcer l’équipe début janvier et le recrutement d’un septième volontaire semble bien engagé.
« Nous avons vocation à fonctionner pendant 18 mois », précise le Dr Attal. Mi-2019, une maison de santé – dont l’investissement de cinq millions d’euros est porté par la ville – devrait avoir ouvert ses portes avec, en son sein, une vingtaine de professionnels de santé qui ont porté un projet médical validé par l’ARS.
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