Les médecins spécialistes libéraux de la CSMF (Spécialistes-CSMF) alertent sur la situation « très difficile » dans certaines cliniques où ils exercent, qui met en danger leur « capacité à prendre en charge » les patients.
La crise sanitaire a en effet conduit à des fermetures administratives et à des déprogrammations « parfois excessives et surtout non concertées », donnant lieu par ailleurs à des compensations pour les praticiens – portant sur une partie de leurs charges seulement – et pour les cliniques. Des établissements qui n'ont ensuite rouvert que « très progressivement » leurs blocs opératoires, insiste le syndicat.
« Or, malgré le retard que nous avons à rattraper, nous avons été alertés par des médecins un peu partout en France sur le fait que 10 à 15 % de l'activité n'a toujours pas repris, par manque de personnels paramédicaux », assure le Dr Bruno Perrouty, président récemment élu des Spécialistes-CSMF, qui cite les établissements privés de Carpentras (où il exerce), Reims, Nancy ou Toulouse. Cette pénurie de personnels infirmiers et aides-soignants entraîne également des fermetures de lits voire de services, en particulier d'urgence.
Plusieurs causes
« Le Ségur de la santé a oublié les libéraux et il existe maintenant un déséquilibre entre les rémunérations du public et du privé, au détriment du secteur privé », affirme le Dr Perrouty, qui pointe aussi une gestion des établissements « par des groupes qui sont souvent émanation d’investisseurs n’ayant pas de lien avec les soins ».
Outre le sujet des rémunérations, la carence de personnels soignants s'explique par des arrêts maladie liés au Covid, des remises en question professionnelles ou encore des suspensions pour non-vaccination Covid, explique le neurologue.
La FHP veut mobiliser toutes les forces vives
Sur ce dernier point, la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP) se dit « favorable » à la réintégration des soignants non vaccinés, « si le gouvernement le décide ». La phase aiguë de l'épidémie étant passée, « la réintégration est humainement salutaire, nous avons besoin de toutes les forces vives pour répondre aux besoins des patients », indique Lamine Gharbi au « Quotidien ». Le président de la FHP fait valoir que la pénurie de soignants est « endémique » et antérieure à la période Covid. Il appelle l’État à augmenter « en priorité les capacités de formation et de recrutement, tout en améliorant l’attractivité des carrières ».
Les Spécialistes-CSMF, de leur côté, demandent aux directeurs des établissements de santé privés et aux tutelles de trouver « sans délai » les moyens de faire fonctionner les cliniques « à leur pleine capacité », pour que les praticiens puissent délivrer des soins « sans restriction ». Selon ce syndicat, « on ne peut plus déprogrammer ou repousser des prises en charge médico-chirurgicales sans mettre en péril l’accès aux soins des Français ».
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