C’EST une initiative à la fois originale et délicate. Dans le cadre de la semaine de la sécurité des patients, la HAS s’invite dans le colloque singulier en éditant une brochure intitulée « Oser parler avec son médecin », à destination des patients.
La HAS fait le constat que les « problèmes de communication » entre professionnels de santé et malades peuvent nuire au diagnostic et à un juste traitement dès lors que le dialogue médecin/patient est insuffisant ou déséquilibré. L’objectif est d’encourager le patient à être acteur de sa prise en charge, à s’adresser « sans aucune gêne au soignant » et à éviter les « non-dits sources d’erreurs potentielles ».
Sorte de "check-list" d’une consultation réussie, le guide insiste sur des points élémentaires à aborder (problèmes de santé, changements de médicaments, effets inattendus ressentis...), encourage le patient à n’occulter aucune question et parler de lui librement, notamment s’il a constaté « quelque chose d’inhabituel ou de bizarre ». « Tout est important », insiste ce vade-mecum, au risque de prolonger les consultations.
« C’est vous qui connaissez votre histoire et votre maladie, vos besoins, vos forces et vos fragilités », rappelle la brochure. Un espace « à ne pas oublier pour mon prochain rendez-vous » précise les documents à apporter (ordonnances, résultats d’examens, lettres et comptes rendus), les informations à signaler (médicales, administratives, vécu..) et invite, plus surprenant, à « prendre des notes pendant la consultation ».
« Je peux faire répéter le médecin », « lui demander un schéma ».
Ce n’est pas tout. Au cours de la consultation, le guide incite vivement le patient à réclamer des explications sur les examens, l’opération et les traitements, les conséquences possibles et les résultats attendus. Le patient ne doit jamais rester dans le flou. « Je peux faire répéter le médecin et lui demander de faire un schéma ou de m’écrire les informations pour m’aider à mieux les comprendre », suggère même la brochure.
Autres conseils donnés au patient : faire part de ses préférences « y compris en matière de traitements alternatifs non médicamenteux », ou demander au médecin s’il existe d’autres possibilités thérapeutiques. « Je ne pars pas sans avoir compris ce que j’ai, ce que je dois faire, quand et comment, et pourquoi c’est important... », conclut la HAS qui rappelle le droit à l’information (consentement éclairé), inscrit dans la loi.
Sous forme de questions/réponses, le guide aborde des questionnements récurrents : les informations santé sur internet, la possibilité de se faire accompagner chez le médecin, l’existence de traitements différents pour une même maladie, l’interdiction de prendre les médicaments d’une autre personne ou la nécessité de contacter le médecin pour discuter du résultat d’un examen.
L’élaboration de cette brochure, qui touche au cœur de la pratique, a fait l’objet d’un groupe de travail (usagers, professionnels, HAS...), d’un groupe de lecture (élargi) avant une phase de test. Le guide devrait être diffusé par les fédérations d’établissement qui le souhaitent et des associations d’usagers. Certains médecins y verront sans doute des conseils utiles et de bon sens permettant de libérer la parole du patient, d’expliciter mieux les choses. D’autres jugeront sans doute le procédé quelque peu intrusif, voire déplacé.
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